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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

de l’aube...

samedi 24 décembre 2011, par :

Une méditation pour nos longues nuits...

J’ai vu assez de nuit dans vos yeux,

mon humanité,

j’ai vu assez de nuit dans vos yeux, et de peur,

dans vos yeux d’enfants roms jetés au fond de l’exil

après les jours d’insultes et de privations,

dans vos yeux d’enfants palestiniens

encerclés par le mur et la haine des grands,

dans vos yeux d’enfants violentés

dans le silence des drames domestiques

dont personne ne veut entendre l’écho à travers vos silences trop sages,

trop morts.

J’ai vu assez de nuit dans vos yeux, et de peur,

dans vos yeux d’adolescents mauves

menés au désespoir par les moqueries de ceux que le genre n’atteint pas,

dans vos yeux de jeunes filles de Manille

attendant d’être prostitués encore,

dans vos yeux obèses rivés aux écrans,

guettant l’ennui qui répond à l’ennui

en cascades de vide et de désillusion.

J’ai vu assez de nuit dans vos yeux, et de terreur,

dans vos yeux de femmes violées dans les guerres d’Afrique

dans vos yeux de femmes exsangues après les avortements clandestins

dans vos yeux de métallos à l’ombre des hauts fourneaux éteints à jamais

dans vos yeux de prisonniers au couloir de la mort

dans vos yeux de soldats

et dans vos yeux de traders qui savent bien, au fond,

que les marchés qu’ils font écrabouillent des vies

un peu plus loin

mais pas si loin

oh non, pas si loin.

J’ai vu assez de nuit dans vos plantations de thé ravagées par l’atome,

et dans vos plantations faussement vertes qui ne nourrissent plus personne

et font rouler les voitures des riches

et mourir un peu la planète

un peu et un peu et un peu encore

jusqu’à ce qu’il n’y aie plus rien.

J’ai vu assez de nuit dans vos yeux hurlant de faim.

Et puis j’ai vu assez de nuit et de gris mouillé,

dans vos yeux au grand âge lorsque vous aviez peur de perdre vos maigres pensions

et de manquer de tout avant de vieillir fous entre les portes fermées d’un reposoir,

et votre peur si belle de crever de solitude.

J’ai vu assez de nuit dans vos yeux

dit Dieu,

alors je viens, je viens comme je viens toujours,

dans la fragilité d’un regard d’enfant

né presque nulle part

alors je viens, je viens comme je viens toujours,

au bord de la route

sans rien changer d’autre que cela : une alliance, une promesse,

quelque chose de tout petit, d’humble, comme une étable,

et pourtant un grand sursaut de lumière,

pour vous dire que je suis avec vous

que je serai toujours avec vous

et que je me tiendrai à vos côtés

chaque jour où vous vous retrousserez les manches pour rendre ce monde un peu moins dur

que je serai avec vous pour mourir

et que je serai en vous pour vivre d’un amour plus fort que la mort

plus fort que la peur

plus fort que la violence

plus fort que la faim

Je serai en vous dans les gestes que vous ferez

chaque fois que vous sèmerez des étoiles dans les yeux de vos frères et sœurs.

Je serai en vous dans le plus étrange mystère de votre humanité

Et si vous me laissez être

en vous,

lumière du Royaume,

il ne fera rien qu’un peu moins nuit,

pour un tremblement de douceur, de paix, de joie,

il ne fera rien qu’un peu moins nuit,

mais ce rien qu’un peu, entre vous et Moi,

dit Dieu

fera toute la différence de l’aube.


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