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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Refusons la dissuasion nucléaire

dimanche 6 novembre 2011, par :

Bonjour Veuillez trouver ci-dessous un texte traitant du nucléaire militaire et particulièrement de notre force de dissuasion française.

Dans ce texte j’appelle au désarmement nucléaire de notre pays qu’il y ait par ailleurs désarmement général ou non, c.à.d. que j’appelle au désarmement nucléaire unilatéral de la France (je rejoins en cela Jean Marie Muller).

Bien sûr, ce texte peut être utilisé librement globalement ou partiellement (je ne demande pas mieux qu’il le soit, je ne revendique aucun droit d’auteur, l’essentiel est d’avancer vers la paix).

Amitiés. Gabriel chel

5 novembre 2011

« La menace de l’arme nucléaire, qui implique par elle-même le consentement au meurtre de millions d’innocents, est le reniement de toutes les valeurs d’humanité qui fondent notre civilisation. » [Jean-Marie Muller]

## Notre force nucléaire totale (dont la moitié est en état d’alerte) c’est environ 2000 bombes Hiroshima (et Hiroshima c’est plus de 200 000 morts), de quoi tuer des centaines de millions d’êtres humains… Et même en ne visant que les « centres de pouvoir politiques, économiques et militaires (mais – à ma connaissance – notre doctrine officielle n’exclu malheureusement pas de frapper plus largement) » de l’ennemi, l’utilisation de la totalité de notre puissance nucléaire entraînerait vraisemblablement l’anéantissement d’une population équivalente à celle de la France car ces sites stratégiques ne sont généralement pas situés en plein désert, mais très souvent à proximité de villes et de lieux peuplés ; ces tirs provoqueront donc d’abord des morts "immédiates" sur les sites mêmes atteints, ils causeront ensuite des morts "différées", après d’atroces souffrances, en beaucoup plus grand nombre, du fait de la radioactivité, sur des étendues considérables… et de nombreux enfants naîtront anormaux.

## Par sa dissuasion notre pays pousse à la prolifération : en affirmant que seule cette dissuasion assure vraiment notre sécurité, nous incitons (bien évidemment) chaque pays à en faire autant : car au nom de quoi peut-on demander par exemple à l’Iran de renoncer à acquérir une dissuasion équivalente à la nôtre ? La sécurité des Iraniens vaut bien celle des Français (à moins de considérer que la vie d’un iranien vaut moins que celle d’un français… mais cela serait du pur racisme) !

Et ce n’est pas en essayant de fermer la porte du club nucléaire derrière nous (en demandant à tous l’arrêt des essais et de la production de matériaux fissiles, choses que nous avons nous-mêmes refusées tant que nous n’avions pas mis sur pied notre dissuasion et stocké des matières fissiles à profusion) que l’on convaincra d’autres pays de ne pas acquérir une dissuasion équivalente à la nôtre.

« La politique actuelle est celle d’un refus obstiné du désarmement nucléaire, justifié par un discours faussement rassurant et qui fournit des arguments à tous les proliférateurs ». [Michel Rocard, Le Monde 4 mai 2010]

## Et cette prolifération pousse à la catastrophe finale. Un conflit nucléaire a toutes les raisons d’éclater un jour, car aussi faible que soit cette probabilité sur une année, elle va devenir considérable si on envisage une période suffisamment grande : sur 100 ans elle sera 100 fois supérieure et si de plus au cours de cette période le nombre des nations possédant l’arme nucléaire est multiplié par 20, la probabilité sur 100 ans sera de l’ordre de 1000 fois supérieure ! Et que devient ce risque si, ne serait-ce que dans un seul des pays possédant l’arme nucléaire, on voit arriver au pouvoir un émule d’Hitler ? Qui peut affirmer que des dictateurs plus ou moins équivalents à Hitler n’existent pas aujourd’hui ? Qui peut affirmer qu’il n’en existera aucun dans les 20 ans ou les 100 ans qui viennent ? On n’ose penser non plus à ce qu’il adviendrait si (notamment en période de grande tension internationale), dans un de ces pays, les facultés mentales du dirigeant venaient brusquement à vaciller !

« Tant que les grandes puissances conserveront l’arme nucléaire, bafouant ainsi l’article 6 du Traité de Non-Prolifération (TNP), d’autres pays voudront l’acquérir. La guerre nucléaire qui faillit se produire par exemple entre l’URSS et les États-Unis en octobre 1962 (crise de Cuba) ou entre l’Inde et le Pakistan au printemps 2003 (crise du Cachemire), finira par éclater quelque part et ne s’arrêtera pas aux frontières des premiers belligérants. » [http://www.acdn.net/ ” Pour un monde sans armes ni centrales nucléaires - Sortir du nucléaire civil ne suffit pas ” Eva Joly et Jean-Marie Matagne, juin 2011]

Une guerre nucléaire tuerait des millions, voire des centaines de millions, voire des milliards d’êtres humains, voire même détruirait toute vie humaine sur notre planète. Imaginons la mort d’un seul enfant, c’est intolérable, que dire de celle de millions d’enfants de femmes et d’hommes !

## En outre, face à ce qui nous menace le plus, la protection apportée par l’arme nucléaire est nulle. Les menaces principales qui pèsent sur nous sont le risque terroriste et surtout la désintégration sociale et sa violence. Face à chacune de ces menaces, l’arme nucléaire n’est d’aucun secours. Plus de fraternité, plus de justice est certainement le remède principal face au risque de désintégration sociale. En donnant un avenir pour chacun et un toit pour chacun, on réduirait déjà beaucoup ce risque. En renonçant à l’arme nucléaire on économiserait de grandes sommes d’argent qu’on pourrait utiliser pour contribuer à réaliser cet objectif.

## Qu’il y ait par ailleurs désarmement général ou non, on ne peut accepter la mort de millions d’innocents !

Extraits de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme :
 « Tous les êtres humains […] doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». (art.1)
 « Tout individu a droit à la vie ». (art.3)
 « Nul ne sera soumis à des traitements cruels ». (art.5)

Massacrer des dizaines de millions d’innocents n’est-ce pas là l’opposé absolu de la fraternité ? Si « tout individu a droit à la vie », comment peut-on envisager de tuer des dizaines de millions d’êtres humains ? Si « nul ne sera soumis à des traitements cruels », comment peut-on envisager d’en soumettre des millions d’autres à des radiations nucléaires ?

Et notre pays n’a pas fait qu’envisager de tuer des dizaines de millions d’innocents, il s’est donné patiemment, résolument, avec détermination, en utilisant ses meilleures compétences (savants scientifiques, ingénieurs, techniciens…) les moyens de le faire !

Tuer des dizaines de millions d’êtres humains n’est-ce pas un crime contre l’humanité ? Et la préparation d’un crime n’est-elle pas un crime ? « L’intention de commettre le crime absolu [n’est-elle pas d’une] immoralité absolue [ ?] » [Jean-Marie Muller]

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est sans ambigüité : tout homme qui s’en réclame (si peu que ce soit) ne peut admettre qu’on tue en son nom des millions et des millions d’êtres humains (comme affirment avoir la ferme intention de le faire, dans certaines circonstances, les responsables que nous avons collectivement élus), s’il ne veut pas consentir à la barbarie la plus meurtrière, il ne peut que hurler son désaccord et tout faire pour empêcher cela, qu’il y ait par ailleurs désarmement général ou non !

« Ne nous y trompons pas : l’enjeu de l’arme nucléaire n’est pas d’abord militaire ; il est moral, il est politique et, en premier lieu, il est spirituel. Il est existentiel. Il ne s’agit pas d’abord de savoir par quels moyens nous devons défendre notre société, mais de savoir quelle société nous voulons défendre. Il s’agit de savoir quelles valeurs donnent sens à notre existence et à l’aventure humaine, et pour la défense desquelles il convient que nous prenions des risques. La menace de l’arme nucléaire, qui implique par elle-même le consentement au meurtre de millions d’innocents, est le reniement de toutes les valeurs d’humanité qui fondent notre civilisation. Par la préméditation du meurtre nucléaire, nous avons déjà nié les valeurs que nous prétendons défendre. Comment pourrions-nous, sans nier la dignité de l’humanité de l’homme, consentir au meurtre nucléaire ?

Le caractère criminel de l’emploi de l’arme nucléaire a été clairement dénoncé par la résolution de l’ONU du 24 novembre 1961. L’Assemblée Générale déclare : « Tout État qui emploie des armes nucléaires et thermonucléaires doit être considéré comme violant la Charte des Nations Unies, agissant au mépris des lois de l’Humanité et commettant un crime contre l’Humanité et la civilisation. » […] La condamnation est sans appel. » [” Lettre ouverte aux évêques de France ” Jean-Marie Muller, novembre 2010]

# Attention :

« La tentation est grande de nous réfugier derrière les principes de multilatéralité et de progressivité pour nous dérober devant la décision de renoncer unilatéralement aux armes nucléaires. Ces principes sont des échappatoires que nous fabriquons pour fuir nos responsabilités. » [” Lettre ouverte aux évêques de France ” Jean-Marie Muller]

« Le piège serait [de s’exprimer] en faveur du désarmement mondial et non pas du désarmement français. Une telle démarche n’aurait aucun impact décisif sur les États nucléaires du monde alors même qu’elle permettrait à l’État français de justifier et de poursuivre sa politique nucléaire. » [Jean-Marie Muller] En effet notre gouvernement pourrait alors continuer à arguer (comme il le fait déjà abondamment) que tant que d’autres pays possèdent cette arme, il est de son devoir d’assurer la sécurité des français en maintenant et modernisant notre propre force nucléaire ! Bien que cet argument soit fallacieux et criminel, on peut être quasiment certain qu’il sera à nouveau mis en avant. Il s’agit assurément d’un argument criminel car il pousse à la prolifération et donc forcément à terme aux meurtres nucléaires (de millions voire de milliards d’êtres humains). Il s’agit de plus d’un argument fallacieux car (on l’a déjà vu), alors que renoncer à l’arme nucléaire c’est prendre un risque limité, ne pas y renoncer c’est prendre un très grand risque pour nos enfants et nos petits enfants puisque c’est pousser à la prolifération et à la catastrophe nucléaire.

## Liberté, égalité, fraternité… Fraternité… c’est peut-être trop pour nous, mais au moins ne tuons pas des multitudes d’innocents !

Refusons une dissuasion qui menace des millions d’êtres humains, pousse à la prolifération nucléaire et donc à la catastrophe finale. Prenons aujourd’hui un risque limité en renonçant à l’arme nucléaire (après tout, la plupart des pays, bien qu’ils soient soucieux de leur sécurité, n’ont pas l’arme nucléaire) pour éviter à terme une catastrophe certaine. Et renonçons-y quoi que fassent les autres pays ayant cette arme, c’est-à-dire décidons le désarmement unilatéral de la France. Car ce n’est pas parce que d’autres pays se donnent le droit de tuer des millions d’innocents que nous pouvons accepter de faire ni de rendre possible un tel crime (que d’autres se préparent à commettre un meurtre ne peux en rien justifier d’en faire autant) !

## Viser à toucher le cœur et l’esprit des français – pétition – référendum. Dans les quelques réflexions qui suivent, j’enfonce probablement quelques portes ouvertes… Excuses.

Il faut certes viser à convaincre le monde politique (lobbying politique : documents appropriés mis à jour et périodiquement envoyés aux parlementaires et aux partis politiques …).

Mais il faut aussi (et peut-être surtout) viser à toucher le cœur et l’esprit des français, car c’est là que l’essentiel se joue comme l’a compris, l’a dit, et l’a traduit en actes, l’abbé Pierre à propos du logement social (problème il est vrai plus immédiatement vital). Si l’opinion publique est gagnée, alors les politiques sont obligés de suivre, et c’est bien ce qui s’est passé avec l’Abbé Pierre notamment pendant l’hiver 1954.

Toucher l’esprit et le cœur des français passe d’une façon ou d’une autre par les médias (journaux, TV, Internet…). Ce qui suppose d’une part bien sûr manifestations et événements et d’autre part un lobbying médiatique : envoi de documents appropriés mis à jour, propositions d’articles…

Le jour où les médias mettront au premier plan ce problème du désarmement nucléaire et où pourrait être mis en évidence le caractère inacceptable d’une dissuasion qui menace ces millions et des millions d’êtres humains innocents et qui pousse à la dissémination nucléaire internationale et donc à la catastrophe finale, alors le problème sera posé à l’ensemble le la société française (hommes politiques compris) et deviendra incontournable.

Jean-Marie Muller propose une pétition et un référendum : « Il n’existe probablement pas d’autre possibilité de débloquer la situation que d’organiser en France un référendum qui pose la question du […] désarmement nucléaire unilatéral.

Vouloir un référendum, c’est d’abord vouloir instaurer un débat démocratique dont les citoyen(ne)s ont toujours été privés. Dans l’immédiat, il s’agit de lancer une pétition citoyenne demandant, non pas le référendum, mais le désarmement nucléaire unilatéral de la France. Le référendum, qui apportera la réponse, ne pourra avoir lieu que dans un second temps. Dans un premier temps, il s’agit de créer un débat démocratique qui pose la question. Et ce débat est possible dès aujourd’hui.

[Ce débat démocratique] mettra au défi tous […] ceux dont la mission est de promouvoir dans la société le culte de l’humain sous le mode universel en défendant les valeurs spirituelles, et donc immuables et désintéressées, de la vérité et de la justice, [et il mettra au défi] tous ceux qui prétendent faire œuvre de pensée.

Sous peine de se discréditer définitivement, ils ne pourront pas déserter le débat public et, dans ce débat, ils ne pourront pas ne pas dire que le consentement à la dissuasion nucléaire, c’est-à-dire à la menace de l’emploi de l’arme nucléaire, est le reniement de ces valeurs. Il devrait apparaître au cœur de ce débat national que le consentement et le renoncement à l’arme nucléaire constituent l’un et l’autre un enjeu de civilisation.

L’argument de l’immoralité intrinsèque de la dissuasion nucléaire est irrécusable. Indiscutable. » [ ” Les français peuvent-ils vouloir renoncer à l’arme nucléaire ? ” Jean-Marie Muller, juillet 2010]

Gabriel Chel

N.B. Je peux développer et étayer tout ce qui précède.


Annexes (importantes)

Description des effets de la bombe A sur Hiroshima, http://www.astrosurf.com/luxorion/quantique-bombes-atomiques2.htm http://www.astrosurf.com/luxorion/quantique-bombes-atomiques3.htm

[...] La quasi totalité des bâtiments et tous les arbres sont effondrés quand ils n’ont pas disparu, volatilisés ! La détente explosive de l’énergie de la bombe crée un éclair aveuglant [...], et en une fraction de seconde une onde de choc tellement forte se manifeste qu’elle génère une onde de pression plus intense que celle du plus puissant cyclone. [...] En se déplaçant à plus de 1000 km/h, la pression de l’air sur le front de l’onde génère un vent si puissant qu’aucune structure, même massive et enracinée, n’est capable de lui résister. [...] La bombe d’Hiroshima pulvérisa tout dans un rayon de 2 km autour de l’hypocentre (le point au-dessus duquel elle explosa) : buildings, ponts et arbres furent balayés comme de vulgaires jouets et réduits en charpie quand ils ne furent pas pyrolisés par la chaleur. [...] Les effets thermiques sont les plus apocalyptiques. Juste après l’onde de choc [...] on assiste au flash lumineux suivi de l’extension de la boule de feu formée par le réchauffement de l’air par les rayonnements X générés durant l’explosion. [...] Dans un espace de 17 m de rayon autour de l’hypocentre, la température était de 300 000°C. A 50 m de distance elle oscilla entre 9-11 000°C, tandis qu’au sol, sous l’hypocentre la température devait osciller entre 4 et 6000°C, l’équivalent de la température régnant à la surface du Soleil ! [...] Au sol, dans un rayon de 500 m autour de l’hypocentre, toute la matière fut volatilisée ou transformée en poussière et fut emportée par les vents brûlants. Dans un rayon de 1 km autour de l’hypocentre la boule de feu incandescente réduisit tout en cendres instantanément, y compris les buildings fabriqués en béton armé. [...] Jusqu’à 4 km de l’hypocentre les maisons furent lourdement endommagées et la chaleur calcina encore les êtres vivants. [...] En août 1946 on dénombrait 140 000 morts à Hiroshima [en fait beaucoup d’autres personnes sont mortes après 1946, des suites du bombardement, au total la bombe a fait plus de 200 000 morts] et près de 74 000 morts à Nagasaki auxquels il faut ajouter autant de blessés plus ou moins graves, des dizaines de milliers de personnes irradiées. [...] [...] La radioactivité libérée par une explosion atomique tue à petit feu. [...] Le seul abri efficace [contre les rayonnements radioactifs d’une bombe nucléaire] est sous une montagne, sous plusieurs centaines de mètres de granit [...].Et encore, il faut un abri 100% étanche disposant d’un système efficace de filtration de l’air car la poussière radioactive s’immisce dans tous les interstices et tous les conduits de ventilation, elle se mêle à la pluie et contamine les eaux... [...] Dans les heures qui suivirent l’explosion de la bombe d’Hiroshima, une pluie noire s’est mise à tomber sur la ville au grand étonnement des survivants [...].La pluie était noire car elle était mêlée de cendres provenant des résidus calcinés par l’explosion. Les malheureux survivants en sursis l’ont bue pour se réhydrater sans savoir qu’elle était contaminée et les condamnait encore un peu plus rapidement à une mort dans d’atroces souffrances. [...] Les premiers symptômes étranges, différents des plaies et des brûlures occasionnées par une bombe classique furent des vomissements, la perte des cheveux, l’apparition de taches colorées sur la peau et des maladies comme la leucémie et la septicémie, une perte des globules blancs entraînant une perte des défenses immunitaires. La personne meurt à la première infection virale. Tout aussi étrange, lorsque les médecins prélevèrent du sang sur les malades gravement atteints, ils ne parvenaient plus à stopper l’hémorragie, même en pratiquant un garrot. En fait la victime était en train de se nécroser vivante et finissait par mourir au bout de quelques jours. [...] Quelques 300 000 patients ont été médicalement suivis à l’hôpital d’Hiroshima depuis 1945, dont la moitié sont décédés au cours de la première année. Aujourd’hui, 60 ans plus tard, il ne reste que 55 000 survivants dont beaucoup de grabataires. Malgré ce long suivi médical, les scientifiques ignorent encore si leurs descendants sont porteurs ou non de maladies directement liées à la contamination radioactive qu’ont subie leurs parents. [...] Si la personne survit à de telles blessures, la radioactivité l’a contaminée et à fortes doses [...] la maladie la rongera lentement durant toute sa vie. Elle attrapera des maladies de peau, des infections répétées, ses blessures ne guériront pas avant plusieurs années, et bien souvent, si elle ne meurt pas entre-temps, elle contractera le cancer de la gorge ou la leucémie. Elle devra parfois vivre avec des malformations ou ses enfants nés à l’époque de l’explosion seront handicapés physiques ou mentaux.


[Ce sont là les effets (terrifiants, monstrueux) d’une seule bombe, notre pays s’est donné les moyens de faire 2000 fois pire !]


Témoignage d’une Hibakusha (c.-à-d. d’une victime de la bombe atomique), 11 mai 2010 http://pourunmondesansarmesnucleaires.over-blog.com/article-temoignage-d-une-hibakusha-50194778.html

Les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki ont eu lieu les 6 et 9 août 1945. Le nombre de décès est difficile à définir et seules des estimations sont disponibles : plus de 260 000 personnes ont été tuées par l’explosion, la chaleur, et l’incendie consécutif. À ceci, s’ajoutent les décès apparus par la suite en raison de divers types de cancers […] et de pathologies. Les Hibakushas, survivants des bombardements atomiques, ont été chiffrés en 2005 à 266 598 par le gouvernement japonais.

« Les bombes nucléaires sont des armes diaboliques qui n’ont pour but que la destruction totale d’un territoire et d‘une population. Nous les Hibakushas, jamais ne souhaitons qu’un jour vous soyez les victimes d’un tel drame.

Le 6 août 1945, la ville fut entièrement contrôlée par les militaires. Je me suis évanouie suite à la violence extrême de l’explosion, j’ai perdu connaissance pendant un long moment, du moins cela me paraissait être très long. Tout autour de moi s’était effondré, les tuiles des toits étaient à terre, elles étaient brûlantes. La chaleur de la bombe avait également déraillé toutes les lignes de chemin de fer. Tout était incendié, les arbres brûlaient, beaucoup de personnes étaient gravement blessées, brûlées, d’autres sans vie. Les animaux brûlaient également ; vaches, chevaux, rien ni personne ne fut épargné. Nous étions à 1Km et demi de l’épicentre. Je voulais rentrer chez moi mais j’étais dans l’impossibilité de le faire car j’avais perdu le sens de l’orientation. Je suis tombée miraculeusement sur ma voisine qui m’a demandé de la suivre. Sur le chemin j’ai rencontré mon oncle, autre miracle, celui-ci est allé chercher ma grand-mère, je m’attachais à ses jambes, ne voulant plus le lâcher.

Nous n’avions ni accès à la nourriture, ni aux médicaments, nous nous sommes faits un lit grâce à des légumes coupés. Plus tard, nous nous sommes réfugiés dans l’école primaire, un des seuls lieux qui avait gardé un semblant de toit. J’ai pu dormir grâce à mon oncle qui était près de moi, c’est l’unique repère qui me restait. On m’a donné une plaque sur laquelle était inscrit mes noms et prénoms afin que je puisse retrouver mes parents. Ma mère a survécu à la catastrophe mais elle était dans un piteux état, son dos était entièrement brûlé. Nous avons retrouvé mon père qui était coincé sous les tuiles, il en sortit très blessé. J’étais heureuse de les retrouver, je pensais les avoir perdu à jamais.

Je n’avais que 7 ans et je partais à la recherche de ma famille avec en tête l’angoisse de n’en retrouver aucun. J’ai vu beaucoup de personnes mortes sur la route. La maison de ma tante avait entièrement brûlé et nous ne l’avons reconnu qu’à l’aide d’une épingle sur le peu de cheveux qui lui restait. Nous étions tous en pleurs à la vue de son corps, les larmes ne cessaient de couler. La nuit, mon corps dégageait l’odeur de la mort et quand je me plaignais auprès de ma mère, elle me demandait d’être patiente et que j’avais beaucoup de chances d’être en vie alors que tout autour de moi sentait la mort.

La bombe m’a rendu sourde, je vomissais toute la journée, j’étais d’une extrême faiblesse. J’ai été emmené à l’institut de recherche mais, pas pour me soigner, juste pour qu’on effectue sur mon corps des analyses et des recherches. Mon père m’a alors dit que je devais étudier afin de devenir médecin. Mes parents sont morts très peu de temps après.

Je me suis mariée, mon mari est également un Hibakusha, il a vu le champignon atomique ; il se souvient de toutes les images dans les moindres détails. J’ai essayé d’avoir un enfant, après maintes et maintes tentatives et plusieurs avortements, j’ai donné naissance à une petite fille : « une fille Hibakusha de la deuxième génération ». A la suite de mon accouchement, pendant quatre années, j’ai du subir des opérations chirurgicales dans le dos, à l’épine dorsale où était logée une tumeur. Le médecin m’a dit que je ne guérirai jamais. 65 ans plus tard, je souffre encore des effets de la radiation et cela durera jusqu’à la fin de mes jours. La bombe a eu et aura toujours des effets sur ma vie. La radiation reste dans le corps, c’est une souffrance régulière et pénible mais j’ai appris à vivre avec.

Les Hibakushas ne subissent pas seulement la souffrance physique, ils sont aussi victimes de fortes discriminations. Personne ne veut se marier avec un hibakusha de peur que la progéniture n’attrape des maladies génétiques, nous sommes rejetés par notre propre communauté et ne finissons par se marier qu’entre nous et certain ne trouveront jamais de partenaires. De nombreux Hibakushas finissent par se suicider ne supportant pas cette seconde injustice. J’ajouterai également que c’est très difficile pour les Hibakushas de se rendre aux Etats-Unis. »

Question du public à l’Hibakusha :

« Je suis infirmière et je vois de nombreux Hibakushas, la plupart d’entre eux refusent de témoigner, et vous, qu’est-ce qui vous a encouragé à le faire ? » « Suite à cette catastrophe, j’ai perdu une trentaine de membres de ma famille, ils sont tous morts, je dois témoigner pour pas que ce drame ne se reproduise. Il ne faut surtout pas oublier. Pareille tragédie ne devrait pas se répéter, c’est la raison pour laquelle je raconte ma triste histoire à d’autres. »

« Eprouvez-vous des sentiments négatifs envers les américains ? » « Après cette catastrophe, mes parents voulaient juste une chose : LA PAIX, ils n’éprouvaient aucun sentiment de représailles. Je ne peux pas affirmer qu’il n’avait aucune haine mais vous savez, après avoir vécu un tel drame, vous ne voulez pas que ça se reproduise. Il ne faut pas tout confondre et surtout ne pas faire d’amalgame car les citoyens américains ne sont pas responsables de ce qui s’est passé. Un jour, un américain est venu s’excuser au nom du peuple, cela m’a extrêmement touché et m’a fait du bien, reste à espérer que les autorités américaines un jour en feront de même. »

« Comment faire parvenir ce message aux autorités ? » « Il n’y a qu’un seul mot et ce mot est : ENSEMBLE. »


Ne nous laissons pas abuser par la propagande habile mais fallacieuse des documents officiels en matière de désarmement

Depuis 1998, la France n’a pris aucune, ou presque mesure de désarmement. Elle a poursuivi la mise au point des dispositifs de simulation des essais nucléaires avec le laser Mégajoule au Barp, près de Bordeaux. Elle a poursuivi la mise au point et aujourd’hui l’installation du missile M51 dont la portée allongée à 9 000 km lui permettrait d’atteindre plus facilement la Chine. Elle a poursuivi la mise au point et l’installation de son nouveau missile aéroporté ASMP-A, dit « pré-stratégique », pour installer sur les avions Rafale.

En fait la seule réduction annoncée dans cette période, donc en 2008, a été la réduction du nombre de ces avions et missiles qui devrait passer d’une soixante à une quarantaine, ce qui ne change pas fondamentalement leur situation. Il s’agira même d’une amélioration qualitative par l’allongement de la portée du futur missile et des qualités du nouvel avion…

Adaptation au contexte stratégique, abandon ou remplacement des matériels en voie d’obsolescence, amélioration importante dite « modernisation » des armes nucléaires et de leurs moyens d’emploi (sous-marin, avions, missiles, laboratoires), il semble complètement abusif de parler « d’engagement concret » de la France pour le désarmement nucléaire. […] De plus, le budget consacré aux armes nucléaires de 2001 à 2010 est, non seulement resté stable, mais a même connu une légère augmentation.

[” Désarmement nucléaire : le rebond ? ” Daniel Durand, août 2010]


« L’arme nucléaire est inutile et coûteuse et elle représente un danger mortel pour notre survie »

affirme le général Bernard Norlain dans un article paru dans Le Monde du 28 octobre 2011 : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/28/l-arme-nucleaire-est-inutile-et-couteuse_1595594_3232.html

Voici de larges extraits de cet article. J’ai cru bon de mettre en caractères gras les passages qui me paraissent les plus importants et d’inclure entre crochets quelques brefs commentaires de mon cru [GC] et surtout un substantiel commentaire de Jean-Marie Muller [JMM].


Les 11 et 12 octobre 1986, au sommet de Reykjavik [qui a aboutit au traité de Washington ayant pour but d’éliminer à l’échelle mondiale les forces nucléaires à portée intermédiaire], les présidents Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev évoquaient pour la première fois la possibilité d’une option zéro, c’est-à-dire l’élimination des armes nucléaires. Un quart de siècle plus tard, cette possibilité est devenue une nécessité, car l’arme nucléaire est inutile et coûteuse et elle représente un danger mortel pour notre survie. Arme de destruction massive, la bombe a permis pendant plus de cinquante ans le maintien d’une certaine stabilité dans le monde et nous a sans doute évité une nouvelle guerre [GC : affirmation discutable…]. Le maintien de cet équilibre aura vu se déployer une course absurde à la parité numérique entre les deux principaux partenaires de cette dialectique de la terreur. Près de 70 000 armes nucléaires de tous types ont été ainsi produites. Le nombre de ces armes a diminué et se situe autour de 25 000, ce qui représente encore une capacité suffisante pour détruire la planète.

Mais cette puissance dévastatrice est-elle toujours adaptée [GC : l’a-telle jamais été ? !] au monde que nous connaissons et celui-ci obéit-il aux mêmes règles stratégiques que celles de la guerre froide ? La mondialisation, l’émergence de nouveaux acteurs stratégiques, dessinent un nouveau paysage stratégique. Il faut se débarrasser des stéréotypes idéologiques de la guerre froide. Face aux menaces du XXIe siècle, la pertinence stratégique de la dissuasion nucléaire paraît bien affaiblie.

De plus, est-ce l’arme nucléaire qui peut préserver et garantir notre statut de grande puissance ? Ne sommes-nous pas confrontés à de nouveaux défis qui réclament des réponses nouvelles, alors que notre réponse est une crispation sur un dogme, celui de la dissuasion, "garantie ultime de la sécurité et de l’indépendance nationale" ? Pas un discours officiel qui ne commence par une génuflexion devant l’autel de la dissuasion en ajoutant l’inévitable mantra : "On ne peut pas désinventer le nucléaire." Mais l’autel est vide et l’on continue à dépenser des milliards alors que nos armées ont d’urgents besoins [GC : notre société n’a-t-elle pas des besoins plus urgents que ceux de nos armées ?]. Ce n’est plus de la stratégie mais de la théologie.

Deux études américaines récentes réalisées par des instituts indépendants ont chiffré le coût des armements nucléaires dans le monde. Selon ces études, les neuf pays nucléaires dépenseront dans les dix prochaines années 1 000 milliards de dollars (714,8 milliards d’euros) pour leurs armements nucléaires. Les Etats-Unis dépensent de 34 à 61 milliards de dollars par an, la France de 4,7 à 6 milliards de dollars suivant que l’on considère les coûts directs ou indirects. Le chiffre français officiel est de 3,5 milliards par an. De plus, ces études ne prennent pas en compte toutes les dépenses de renouvellement des armements. Comment va-t-on financer les dizaines de milliards d’euros nécessaires ?

[…] On ne doit pas se laisser prendre au piège dans un système qui se referme sur lui-même face au monde extérieur.

Enfin, cette arme est devenue trop dangereuse pour la planète. Dangereuse, elle l’a toujours été, mais dans un monde partagé en deux blocs où deux joueurs se sont affrontés de façon plutôt rationnelle. L’efficacité de ce système a été fondée sur un petit nombre d’acteurs. Mais, dans un monde ouvert où l’apparition de nouveaux acteurs stratégiques rend les règles du jeu plus complexes et fugaces, l’arme nucléaire, après avoir joué un rôle de stabilité [GC : ?], devient une source d’instabilité destructrice pour la planète.

Dangereuse, elle peut l’être par accident, comme l’ont montré plusieurs cas de déclenchement de tirs par erreur dans le passé ; par un attentat terroriste, compte tenu de la dissémination de matériaux sensibles et de la diffusion de technologies rustiques ; par la prolifération. Si la prolifération a été lente puisqu’on est passé de cinq pays dotés à neuf pays nucléaires, l’apparition de nouveaux acteurs, si l’on ne fait rien, conduira, pour des raisons de sécurité, ces pays à se doter d’un armement nucléaire au titre du pouvoir égalisateur de l’atome. Il y a donc un danger à voir l’arme nucléaire se répandre et on ne peut exclure qu’elle tombe entre les mains d’acteurs non pas irrationnels mais obéissant à leur propre rationalité.

Le danger est non seulement celui de la prolifération, mais il est aussi lié à la banalisation de l’arme et cela est vrai dans le cas de la France. [Certes], la doctrine, ou plutôt le dogme de la dissuasion française, a été et reste encore celui du non-emploi du nucléaire. [Mais] pour répondre à la nouvelle situation stratégique, la doctrine est […] passée de la dissuasion "du faible au fort" à celle "du fort au faible ou au fou". Or, comme le dit le politologue Pierre Hassner, la notion de dissuasion du fort au faible conduit à une logique d’emploi et même d’emploi en premier.

Personne ne peut dire alors quelle serait la réaction en chaîne provoquée par l’utilisation de l’arme nucléaire. Compte tenu du nombre d’armes accumulées et de leur dispersion, c’est la perspective de la destruction partielle ou totale de la planète.

Pour ces raisons, il n’y a pas d’autre solution que d’éliminer ces armes.

Toutes les négociations sur la diminution, sur le déploiement et la mise en alerte de ces armes sont nécessaires, mais elles ne seront effectives que dans la perspective d’un objectif d’élimination complète. Après tout, cela ne serait que la mise en œuvre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

La France est opposée à cet objectif. Elle est de ce fait isolée dans le contexte international et européen. De plus, cette crispation stérilise la pensée stratégique française. A l’abri d’une nouvelle ligne Maginot, le fameux consensus français fait de l’arme l’horizon indépassable de notre sécurité. Au moment où doit s’engager une réflexion sur notre système de sécurité, il est temps d’ouvrir le débat en acceptant de ne plus avoir de tabous et en particulier que l’arme nucléaire n’est plus l’alpha et l’oméga de notre sécurité et que notre assurance-vie peut devenir notre assurance-décès.

[ JMM : Il ne suffit pas que la France soutienne l’objectif d’élimination complète des armes nucléaires pour que les autres pays dotés acceptent de le réaliser. Même lorsqu’ils le soutiennent dans les mots, ils s’y opposent dans les faits. Même lorsqu’ils disent « désarmement », ils continuent à faire « des armements ». Dans le discours qu’il a prononcé à Prague le 6 avril 2009, le Président Barack Obama a « affirmé clairement et avec conviction l’engagement de l’Amérique à rechercher la paix et la sécurité dans un monde sans armes nucléaires. » Mais il a pris soin de préciser : « Ce but ne pourra être atteint avant longtemps, sans doute pas de mon vivant. » Surtout, il a affirmé : « Ne vous méprenez pas : tant que ces armes existeront, nous conserverons un arsenal sûr et efficace pour dissuader tout adversaire. » En outre, des millions de dollars sont prévus pour financer des recherches sur une nouvelle génération de sous-marins, sur de nouveaux missiles intercontinentaux et sur un nouveau bombardier. Bref, pendant les travaux sur l’élimination des armes nucléaires, la course aux armements continue.

Il ne suffit (donc) pas, comme semble le suggérer le général Norlain, que la France ne s’oppose plus à l’élimination complète des armes nucléaires, il importe qu’elle réalise pour elle-même cet objectif. C’est pourquoi il est raisonnable de penser que si l’on prend au sérieux les analyses du général Norlain sur le caractère coûteux, dangereux et inutile de l’arme nucléaire, il appartient à la France de renoncer unilatéralement à la possession de l’arme nucléaire.]

Bernard Norlain, général de l’armée de l’air.


extraits de http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Norlain

Bernard Norlain, né le 22 novembre1939 à Vannes est un officier général français de l’Armée de l’air.

De 1986 à 1989, il est chef du cabinet militaire du Premier ministre Jacques Chirac puis de Michel Rocard. De 1994 à 1996 il est directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale, institut dont il s’occupe encore aujourd’hui de l’animation et de la coordination des activités de la commission économie et défense. Depuis juillet 2008 il a été nommé Président et Directeur de la Revue Défense Nationale, revue dédiée au rayonnement de la pensée stratégique française.

Le 15 octobre 2009, le général en retraite Bernard Norlain a cosigné avec Michel Rocard, Alain Juppé et Alain Richard, une tribune dans le quotidien Le Monde pour plaider en faveur du désarmement nucléaire. Il est dans ce cadre membre de l’organisation internationale Global Zero Initiative.


## Benoît XVI appelle au désarmement nucléaire et réprouve la dissuasion :

# « La dissuasion nucléaire [...] ne peut en aucun cas être le fondement de la paix. [...] La perspective de garantir la sécurité d’un pays par la dissuasion nucléaire est, selon les termes de Benoît XVI ” funeste et tout à fait fallacieuse ”. [...] Les pays détenteurs de l’arme nucléaire ont [...] une responsabilité particulière. Ils ne doivent pas se déterminer uniquement selon leurs intérêts nationaux [...], mais d’après ce qu’exige le bien commun de l’humanité. » [Justice et Paix-France et Pax-Christi, 25 janvier 2006 http://paxchristi.cef.fr/docs/JPxPXNucl-airedoc.doc]

# « La non-prolifération et le désarmement nucléaire sont [...] interdépendants et se renforcent mutuellement [...] ». [La Documentation catholique n° 2397, texte de Mgr Mamberti, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, mars 2008] Donc, a contrario, ce qu’on a déjà démontré plus haut, le non-désarmement, qu’implique la modernisation de l’arme nucléaire française, modernisation elle-même impliquée par le rôle de ”sanctuarisation” du territoire qu’on attribue à cette arme, pousse à la prolifération.

# « […] Il est évident que la dissuasion nucléaire encourage le développement d’armes nucléaires toujours nouvelles empêchant ainsi un désarmement nucléaire authentique. […] La plus dangereuse de toutes les idées […] est la conviction que la dissuasion nucléaire est essentielle à la sécurité d’une nation. Le maintien de la dissuasion nucléaire […] sera […] un obstacle à la paix et au désarmement nucléaire. […] La dissuasion nucléaire n’est pas un moyen valable pour garantir la sécurité. Si certaines nations continuent de revendiquer le droit de posséder des armes nucléaires, d’autres États le revendiqueront également. On ne peut laisser certains États posséder l’arme nucléaire et refuser ce droit à d’autres. […] La menace aussi bien que l’utilisation des armes nucléaires est interdite par la loi […]. L’illégalité de la menace et du recours aux armes nucléaires remet sérieusement en question le droit de posséder des armes nucléaires. » [Déclarations faite tout récemment, le 1er juillet 2011, par Mgr Chullikatt, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU ; voir http://www.zenit.org/article-28620?l=french et pour le texte intégral voir http://www.zenit.org/article-33139?l=english qui se termine ainsi : « In today’s world, we confront an issue of even greater importance : the possible annihilation of human species and human civilization by nuclear explosion. So, together we should work to build a world free of nuclear weapons. A world without nuclear weapons is not only possible, it has now become urgent. »]

Le pape ou ses porte-paroles les plus autorisés affirme donc là clairement :
 premièrement que la dissuasion nucléaire : . encourage le développement d’armes nucléaires nouvelles, . empêche le désarmement nucléaire, . pousse à la prolifération, et qu’elle doit donc être refusée catégoriquement ;
 deuxièmement que du point de vue du droit international humanitaire la possession d’armes nucléaire est illégale ;
 troisièmement que la menace de plus en plus forte d’annihilation de l’espèce humaine par explosion nucléaire impose de travailler pour construire au plus vite un monde sans armes atomiques.

Quiconque prend au sérieux l’Evangile ne peut que refuser notre force de dissuasion avec la plus extrême vigueur. Jésus de Nazareth n’a-t-il pas appelé chacun à aimer tout homme (quelle que soit sa nationalité ou sa religion) comme soi-même (parabole du bon samaritain) ? N’a-t-il pas appelé à aimer même ses ennemis ? Ne s’est-il pas identifié à tout homme opprimé (« J’avais faim et tu m’as donné à manger… » Matthieu ch. 25) a fortiori ne s’identifie-t-il pas à chacun de ces innombrables humains innocents que nous nous sommes donné les moyens de tuer ? Saint Jean dans sa première lettre ne nous dit-il pas « Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères » ? Donner notre vie pour nos frères … et non pas nous préparer à les tuer ! etc. etc. …

Malheureusement jusque là les évêques de France (à quelques exceptions près) sont restés d’une retenue inexplicable face au crime nucléaire que nous envisageons de commettre. Espérons qu’ils prononcent enfin une parole forte et claire à ce sujet. Espérons qu’au nom de l’Evangile et au nom de l’homme ils crient enfin leur refus du meurtre de millions d’innocents et appellent à l’abandon de notre force de dissuasion.

## L’engagement pour un monde sans armes nucléaires de nombreuses Eglises protestantes et orthodoxes est net. Le Comité directeur du Conseil Œcuménique des Eglises (qui rassemble plus de 200 Eglises protestantes et orthodoxes) réuni à Genève en 2009, a adopté à l’unanimité une déclaration dont voici quelques extraits : La production, le déploiement et l’utilisation de l’arme nucléaire sont un crime contre l’humanité et doivent être condamnés sur le plan éthique et théologique.[…] La responsabilité de la paix internationale pèse plus que jamais sur les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Le fait qu’ils soient en possession de l’arme nucléaire est fondamentalement incompatible avec leur responsabilité en matière de paix. […] Le Comité :
 Exhorte les puissances nucléaires à respecter leur « engagement résolu … d’éliminer totalement leurs arsenaux nucléaires en vue du désarmement nucléaire »
 Appelle les Eglises membres à déclarer à leurs dirigeants nationaux : « […] Rejetez les armes qui n’auraient jamais dû être produites et qui ne doivent jamais être utilisées. […] » Approuvé à l’unanimité [http://www.oikoumene.org/fr/documentation/documents/comite-central/geneve-2009/reports-and-documents/rapport-du-comite-des-questions-dactualite/declaration-despoir-dans-une-annee-de-possibilites-pour-un-monde-exempt-darmes-nucleaires.html]

## On trouverait sans peine des déclarations équivalentes ou même encore plus radicales, de la part :
 de nombreux prix Nobel de la paix,
 de tant de personnalités marquantes œuvrant (et parfois risquant leur vie) pour avancer vers un monde plus humain,
 de l’organisation internationale « Maires pour la Paix »,
 d’innombrables autres organisations œuvrant pour la paix,
 etc. , etc. ….


Vous le savez sans doute Jean-Marie Muller est un philosophe et militant non-violent qui a engagé son intelligence et sa vie pour faire avancer la paix dans le monde. Voir à ce sujet par exemple le site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Muller

Je vous invite instamment à lire deux petits ouvrages dans lesquels il démontre que le désarmement nucléaire unilatéral de la France « relève de l’impératif moral le plus catégorique » (qui nous oblige donc entièrement, quoi qu’il puisse en être par ailleurs), et que de plus, le choix d’un tel objectif nous permet, plus que tout autre, d’avoir prise sur la réalité et de faire avancer le désarment nucléaire général :

” Les français peuvent-ils vouloir renoncer à l’arme nucléaire ? ” Jean-Marie Muller, juillet 2010, 104 pages.

Ce livre peut être commandé au MAN LYON, 187 montée de Choulans, 69005 – Lyon 8 Euros l’exemplaire (port compris) man.lyon@nonviolence.fr www.nonviolence.fr

Vous pouvez en lire des extraits dans : http://alternatives-non-violentes.org/cariboost_files/n157.pdf

” Lettre ouverte aux évêques de France - L’urgence de délégitimer l’arme nucléaire ” Jean-Marie Muller, novembre 2010, 10 pages, voir : http://nonviolence.fr/IMG/pdf/Lettre_ouverte_aux_Eveques_de_France.pdf


fin____


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