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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Israël/Palestine

Un "Eappi" à Jérusalem

jeudi 16 mai 2013

Denis Costil est envoyé pour quelques mois en Israel/Palestine pour participer au programme "EAPPI" : Ecumenical Accompaniment Programme in Palestine and Israel.
Il nous livre ici ses impressions

Deux pays qui tiennent dans un mouchoir de poche : du nord au sud, max 470 km, d’est en ouest 135km…voir la carte jointe.
Globalement, le territoire israélien se situe au nord, à l’ouest et au sud ;
Le territoire palestinien (dit West Bank, WB) prend place au centre - est, entre Israël et le Jourdain – on en reparlera, car ce territoire est divisé en plusieurs zones A, B, C la zone de la vallée du Jourdain (la plus riche) est dite zone C, gérée entièrement par les Israéliens… La Palestine, telle qu’internationalement reconnue (frontières d’avant 1967), c’est 140 km du nord au sud et entre 30 et 60 km de large.
Implantation des
Le programme EAPPI a localisé ses lieux d’implantation aux endroits suivants :
  Tulkarem : principale source des problèmes : le mur – et l’accès des paysans aux terres.
  Yannoun : le village est entouré de colonies, zones construites le plus souvent sur le haut des collines, et habitées par des israéliens plus ou moins (plus plus que moins !) vindicatifs. D’où la nécessité d’une présence protectrice, en raison des incursions d’israéliens.
  Jerusalem : problème des colonies israéliennes autour de Jérusalem Est, c’est-à-dire dans la partie que les Nations Unies reconnaissent palestinienne, et corollaire : problème des démolitions de maisons palestiniennes, ou d’éviction de palestiniens. Problème de circulation des personnes (système des « check-points »).
  Bethlehem : concentre beaucoup des problèmes rencontrés, et donc pas trop de priorités préalables
  Hébron : le principal problème est l’agressivité particulière de colons israéliens.
  South Hebron Hills c’est la dernière implantation d’EAPPI : le problème est d’être reconnu par la population : présence protective, visite des familles et des villages.
  Jayyous : ici aussi, présence protective.
Je dois dire que ces priorités sont établies à partir de ce qui est su de la situation, mais qu’elles peuvent changer chaque jour, entre présence protective (les colons, l’armée ou/et la police ont un comportement différent quand sont présents des « internationaux »), observations conduisant à intervention (appels téléphoniques aux associations ad hoc ou aux autorités locales ou internationales), rapports lors d’événements particuliers, présence auprès des familles…et rencontres de personnalités diverses, pour tenter de comprendre la situation.
C’est simple de dire que c’est compliqué »…pour exemple, il semble exister 101 situations administratives différentes pour les palestiniens, alors que les israéliens sont simplement citoyens d’Israël…
Jérusalem : équipe et travail
L’équipe dont je fais partie est localisée à Jérusalem. Elle est composée d’un seul homme, déjà nommé le « sultan de Jérusalem » ; Anna est une suédoise blonde aux yeux bleus. Béatrice est finlandaise mais parait être d’ici, son père étant yéménite. La couleur cuivrée de Chery traduit son origine philippine, et la colombienne Lorena parait espagnole plus que nature. Enfin Patricia, irlandaise, est la seule à avoir dépassé la quarantaine !!! Tout ce petit monde cohabite dans une maison dont la terrasse donne vue sur une vallée (Jérusalem est constituée d’une série de collines et de vallées) et qui est constituée d’ une grande pièce au rez de chaussée : cuisine – salle à manger - salon, un réduit pour la machine à laver le linge, et à l’étage, deux grandes chambres partagées par les filles, et une chambre plus petite que j’habite seul, mais que je partage pour que chacun puisse skyper tranquillement sur le bureau : ces détails pour ceux qui me les ont demandés !
Le travail est plus ou moins programmé :
Nous sommes présent trois fois par semaine, entre 4h30 et 7h30 du matin au principal check point entre Jérusalem et Ramallah ; 2000 personnes environ passent par ce check-point dans des conditions que je décrirai plus tard. Nous assurons aussi une présence à deux autres check-points plus modestes, une fois par semaine - je crois qu’on y passera plus de temps.
Nous assurons une « présence protectrice » en accompagnant les enfants d’une école située à l’extérieure du quartier où ils habitent – un israélien habite sur ce trajet, et crée, de temps en temps, des problèmes (jets de pierres, insultes…) – et ceux de l’école d’un camp bédouin.
Nous assurons aussi présence et aide auprès de deux groupes de bédouins, dont les tentes sont situées dans des zones de pâtures de plus en plus réduites par l‘avancée des terrains que colonisent les israéliens – les israéliens souhaitent faire partir tout les palestiniens de cette zone pour couper la Palestine en deux parties, nord – sud, entre Jérusalem et la mer morte.
Le vendredi est un jour très chargé : nous sommes présents dans la vieille ville de Jérusalem pour observer les contrôles ou les barrages de la police pour limiter le nombre de musulmans se rendant à la mosquée pour prier, et présents dans un faubourg sud pour les même raisons ; nous participons à diverses manifestations, par exemple celles du mouvement « Women in Black » ; ou celles des quartiers Sheikh Jarrah ou Silwan.
Je ne me rendais pas compte de l’importance que peut avoir la présence d’un « international » pour limiter les violences dans tous ces cas ; ni l’importance que revêt aux yeux des palestiniens, ou des familles palestiniennes la simple présence régulière que nous assurons chaque semaine ;
Ajoutez les entretiens que nous sollicitons de personnalités diverses, vous obtenez un emploi du temps bien chargé, d’autant qu’il faut se déplacer : en bus, quand c’est possible, ou avec Firas, notre un taxi-driver préféré, qui sert aussi de traducteur, c’est absolument nécessaire dans certain cas ! Mais il faut bien qu’il gagne aussi sa croute, et il ne peut être là avec nous à chaque instant. Donc se déplacer prend un temps…certain, vu certain bouchons que Lyon n’a pas à envier !
Et j’oublie les appels d’urgence : lorsque les services des Nations Unies, ou l’une ou l’autre association nous appelle parce qu’il y a un coup tordu quelque part, cela prend une demi-journée C’est arrivé quatre fois ces trois derniers jours : des appels pour des problèmes de démolitions ou d’éviction de maison palestiniennes par l’armée et la police, ou encore, la tentative d’incendier une maison palestinienne…
Et j’oublie aussi les divers types de rapport qu’il faut absolument rédiger car ce sont eux qui permettent aux organismes internationaux et organisations locales de décrire de façon factuelle les événements. EAPPI est réputé, j’ai déjà pu m’en rendre compte, pour être l’association qui passe le plus de temps sur le terrain. C’est ainsi que l’office central connait globalement au mieux les situations et les tensions, vu la répartition des lieux d’implantation.
Voila. C’est très simple de dire que c’est très compliqué !
C’est pourquoi cette lettre ne rentre pas dans les détails, mais trace dans les grandes lignes le travail et les conditions dans lequel nous l’exerçons.
Les lettres suivantes permettront, je l’espère, de détailler chacune des situations dans lesquelles nous sommes impliqués. J’espère ne pas écrire trop de bêtises, bien sur.
Merci de votre support, spirituel ou priant : J’ai besoin de tous !
Amicalement,
04/05/2013, Denis Costil


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