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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Témoignage

Ma première journée de jeûne pour la justice climatique

lundi 10 février 2014, par :

Bon, je dois vous l’avouer, je ne l’ai pas faite un 1er du mois comme cela est suggéré mais le 3ième jour. Pourquoi ? Tout simplement parce que le 1er du mois tombait le jour d’une fête de famille avec des proches que je n’avais pas vu depuis longtemps. Mon jeûne aurait été mal compris. Cela me permet d’affirmer une première chose, le jeûne n’est pas une règle imposée, c’est un choix libre et adulte. J’en maîtrise la portée et je le relie à une réflexion raisonnable.

Le début de journée commence normalement. Un petit déjeuner comme d’habitude, ni plus ni moins. Ensuite pendant la matinée, l’envie de grignoter est facilement écartée par la force tout fraiche de l’engagement que l’on veut tenir. C’est à midi que les choses se précisent : à la place du repas, je prends un simple bol de bouillon et un grand verre d’eau. Bizarrement chaque gorgée du bouillon est délicieuse. Je fais durer ce moment. Je suis surpris par le calme et la tranquillité qui m’habite pendant ce « repas » : d’habitude quand je mange tout seul j’allume la radio, je ne reste pas longtemps assis, je vais prendre le courrier à la boîte aux lettres entre deux bouchées... bref je ne prends pas le temps. Là c’est différent, pour une fois j’arrive à rester assis avec des idées claires. Cela ne veut pas dire que ma tête est vide. Au contraire, mes idées sont tournées vers tout le travail qu’il me reste à faire l’après midi.

Le reste de la journée se déroule sans problèmes si ce n’est que j’appuie un peu moins fort sur les pédales du vélo et que, en passant aux heures de repas devant la baraque à frite, on se rend compte qu’on a l’odorat bien plus réactif que d’habitude ! Quant au repas du soir, il consiste en une bonne assiette de soupe, tout de même un peu plus nourrissante que le bouillon... Je reprends mes habitudes alimentaires le lendemain, surpris de ce qui s’est produit la journée précédente et dégustant chaque bouchée des trois repas que j’ai la chance de pouvoir manger.

Pour ce qui est de la raison de ce jeûne, l’appel à la justice climatique, je dois dire que cette expérience m’y a rendu particulièrement disponible. Avec une telle journée, l’esprit est libéré pour se concentrer sur notre lien avec les autres.

Ressentir à un moment la faim, c’est ressentir le manque que les plus démunis et en particulier les victimes de l’injustice peuvent ressentir. Ressentir la faim, c’est aiguiser ses propre sens, c’est redécouvrir que leur rôle est de mettre en relation avec le monde, en relation avec les autres. Nous réduisons trop souvent nos sens à de la consommation égoïste : consommation de nourriture, consommation d’image ou de musique. Il faudrait sans cesse réapprendre et expérimenter que nos sens fonctionnent à double sens. Cela peut surprendre mais c’est aussi ce double sens, cette relation réciproque et juste, qu’il s’agit de faire vivre entre les pays responsables des dérèglements climatiques et ceux qui en subissent les conséquences.

Cette pratique du jeûne est-elle spécifiquement chrétienne ? Non bien sûr que non, mais est-ce pour autant une raison de la rejeter de ma vie de croyant ? Je ne crois pas. Evidemment cette pratique ne me justifiera pas devant Dieu. Evidemment cette pratique ne me justifiera pas devant mes semblables et c’est la raison pour laquelle la discrétion est nécessaire. Dieu ne m’aimera pas plus parce que j’ai jeûné et que je continuerai à jeûner, non, mais je peux vous dire que ce jour là j’ai appris à aimer Dieu d’avantage.


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