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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Méditation sur la partage des richesses

jeudi 22 juillet 2010, par :
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Le 10 octobre 2009 à Poitiers, une manifestation en faveur de l’amélioration des conditions de vie des prisonniers dégénère. Des personnes cagoulées cassent quelques vitrines : en particulier celle d’une banque et celle d’un grand promoteur immobilier français. Ils laissent derrière eux cette locution latine taguée sur le baptistère St Jean, le plus vieux bâtiment chrétien de France :

« Omnia sunt Communia ».

Il s’agit d’un extrait d’une locution latine souvent commentée par les Pères de l’Eglise : « In extrema necessitate omnia sunt communia, id est communicanda » : « Dans l’extrême nécessité, tout est en commun et tout est communicable. »

Il ne s’agit pas comme on a pu l’entendre et le lire, une attaque idéologique au christianisme visant des bâtiments chrétiens. Au contraire, cette locution est amplement reprise et commentée par le concile oecuménique Vatican II, dans l’article nommé "La vie économico-sociale", du 7 décembre 1965.

Les richesses sont donnée par Dieu à tous

Cette locution latine s’y trouve évoquée au cœur d’un plaidoyer pour la justice sociale et le partage des richesses. La constitution conciliaire fait sienne cette locution en la commentant ainsi : « Quand celui-ci se trouve dans l’extrême nécessité, il a le droit de se procurer l’indispensable à partir des richesses d’autrui." (art 69, al 1, v 10)

En parlant des travailleurs étrangers, l’article 66 dit : « Tous les membres de la société, en particulier les pouvoirs publics doivent les traiter comme des personnes, non comme des simples moyen de production ».

Les articles 69 et suivants expliquent quant à eux les limites à la propriété privée : Partout où la richesse côtoie la pauvreté, là où la propriété se révèle un abus du bien commun, là où l’abus de la propriété (mainmise de quelques-uns sur la majorité des terres cultivables par exemple) engendre une exploitation de l’individu par des salaires misérables et indignes, des initiatives doivent être légitimées pour répartir la propriété de manière équitable.

La richesse y est vue comme donnée à tous et devant être équitablement distribuée à tous : "C’est pourquoi l’homme dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes" (art 69, al 1)

La constitution conciliaire ajoute que là où cette loi commune de destination des biens n’est pas respectée, la propriété peut devenir une occasion fréquente de convoitise et de grave désordres.

Ce « tag », écrit au dos du baptistère St Jean, je crois que j’aimerais le voir écrit en lettres d’or partout où cela est possible.

Communication non violente

Par contre, à aucun moment, la constitution conciliaire ne légitime la violence pour parvenir à la juste répartition des richesses. Au moment où elle cite cette locution, elle rappelle immédiatement : « Les conditions morales requises qui doivent être remplies ». Elle nomme « la coopération », « le dialogue sincère entre les parties », « une participation organisée au niveau de l’entreprise », la grève n’étant citée que comme un « moyen ultime » pour y parvenir (art 68, al 3). L’intervention de l’État est également nommée comme étant un juste moyen pour transférer un abus de propriété au domaine public. (art 71, al 4).

La chute nos modèles de partage des richesses

On ne pourra pas réduire ce qui se passa à Poitiers le 10 octobre 2009 à une horde de sauvages. Ces jeunes ont peut-être autour de 20 ans, ils sont instruits et expriment leur haine quant à l’injustice sociale. Ils emploient des moyens qui nous font peur à l’heure où « les conditions morales requises » sont devenues humiliées de part et d’autre d’un système qui crée trop de laissés pour compte et dont il n’espèrent plus rien. Ils sont nés avec la chute du mur de Berlin. Ce jour-là, nous savions bien que le modèle de vie en commun situé à l’est de ce mur était tombé avec lui, mais nous avons mis 20 ans pour comprendre que le nôtre, situé à l’ouest, était tombé en même temps.

Au milieu des décombres des deux côtés du mur, le christianisme saura-t-il refleurir ? Nous pouvons penser au partage des richesse souhaité par Paul dans son idéal de vie en communauté.

« Celui qui avait beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait peu ne manquait de rien. » 2Cor 9, 6-15.

Prière

  • Le Seigneur est venu dans le ventre de Marie par un faible et humble enfant.
  • Ce qui est faible et humble aux yeux du monde, Dieu l’a choisi pour révéler sa puissance.
  • Par sa révélation il appelle à la révolution,
  • Mais à la révolution des cœurs, à l’inversion des valeurs, à la conversion intérieure.
  • Il nous donne l’espérance que notre monde puisse enfin trouver une force durable et renouvelable dans l’humilité dans laquelle Dieu se révèle. _ Et il nous met en marche pour notre libération intérieure et celle de tous les peuples :
  • En marche, les humiliés ! Oui, le royaume des cieux est à eux !
  • En marche les déshérités ! Oui, ils hériteront la terre !
  • En marche, les affamés et les assoiffés de justice ! Oui, ils seront rassasiés !
  • En marche, les faiseurs de paix ! Oui, ils seront récompensés !
  • En marche, les persécutés à cause de la justice ! Oui, le royaume des cieux est à eux ! _

Diakonéo


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