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Notre génération est métisse, libre et en colère

Réaction aux attentats de Paris

samedi 5 décembre 2015, par :

On a tué au hasard nos proches et les proches de nos proches. Paix pour les morts.
Au-delà de l’horreur, notre colère est nourrie de désespoir : « guerre ! », « sécurité ! », « frontière ! », « urgence ! ». Quelle paix pour les vivants ?

« Même pas peur » ? Si, nous avons peur. Celui qui n’a pas peur c’est le fanatique, celui qui ne tient pas à la vie. Pourquoi avons-nous peur d’avoir peur ? Pourquoi nous dicterait-il notre attitude ? Avons-nous besoin de l’appeler « barbare » pour nous convaincre de notre caractère civilisé ? Pourquoi ne trouvons nous pas dans les paroles publiques et privées de quoi opposer à son élan suicidaire et macabre, une espérance vitale et féconde, une révolution de l’amour universel à sa révolution de la haine systématique ?

Aux cœurs durs nous ne pouvons qu’opposer nos cœurs doux, encore plus doux. Paix.

Notre génération est métisse, libre et en colère.
Elle n’est pas innocente, au contraire elle a hérité de la conscience du sérieux des idéologies, de la violence des inégalités sociales, de l’archaïsme de notre système économique et politique. C’est une conscience physique et quotidienne : nous sommes les exclus présents de l’échec de rêves passés. Nous sommes nés à Tchernobyl irradié, au bord du Chatt-El-Arab ensanglanté, à Berlin réconcilié, sur la place Tien An Men divisée, à Sarajevo bombardé…
Cette violence dont nous héritons n’a pas tué nos rêves, nous ne sommes pas qu’une masse zombie condamnée à la survie par déchéance définitive de l’utopie, de l’espérance et de la révolte.
Au contraire ! Notre génération n’a pas à répondre du génocide juif, elle n’a pas fait la guerre d’Algérie, elle ne doit pas faire de mea culpa sur son stalinisme, elle n’a pas à pleurer ses occasions ratées… Nos rêves sont libres, neufs et éternels, utopiques et nécessaires. Plus que jamais ils doivent être entendus et criés à tout ceux qui veulent les taire en les mitraillant.

Nous sommes les métisses d’une France qui n’est pas au centre du monde : libérés de la prétention à dire l’universel et à conquérir la terre nous voulons un monde meilleur, juste et fraternel. Nous voulons la fin du capitalisme, la culture pour tous, la citoyenneté pour chacun, la liberté de dire, de rire et de s’aimer dans une nature épanouie.
Nous sommes des idéalistes et nous sommes des révolutionnaires, nous nous battons et nous battrons pour que tous entendent nos rêves et non notre angoisse.
C’est plein de peur et de rage que nous voulons rire à la face des entrepreneurs de terreur en leur disant que plus ils afficheront leur haine de nos vies, plus nous afficherons notre amour de la vie de toutes les femmes et de tous les hommes… oui, leurs vies à eux aussi.
C’est plein de détermination que je veux m’opposer à tous ceux qui veulent nous exclure de l’intérieur, nous déraciner de notre pays fait non pas essentiellement de traditions et d’identités mais de rêves et d’idéaux. Je ne me laisserai pas policer pour rassurer leur envie de contrôle, je ne laisserai pas mon frère être banni, ignoré, occulté au prétexte d’une nauséabonde pureté des uns et étrangeté des autres, ou d’un médiocre impératif économique.

Il faut s’aimer à tort et à travers, encore et toujours, c’est la seule leçon de l’histoire, la seule réaction digne des rêves de ceux partis trop tôt.
Il faut faire de ce monde un monde habitable pour tous, le foyer d’une humanité qui rêve tellement fort qu’elle impose la vie contre la mort, pour de bon.


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