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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Adresses à François Hollande

Citoyen Hollande : qu’est-ce que la politique ?

mercredi 13 avril 2016, par :

Le 13 avril, deux événements se tiendront à Paris : le dévoilement d’une plaque "en hommage aux victimes du massacre de la Saint-Barthélemy", et François Hollande recevra le protestantisme "pour les œuvres et les engagements citoyens du protestantisme français". A cette occasion, dans la série de publications d’ "Adresses à François Hollande", le Mouvement du christianisme social a publié une déclaration.

Citoyen Hollande !

Je me réclame d’un christianisme social, ma foi et ma conviction politique me poussent à te poser cette question : qu’est-ce que la politique ?

Est-ce flatter les ego des puissants, c’est-à-dire littéralement de « ceux qui peuvent » : peuvent accéder à la richesse, peuvent accéder à la culture, peuvent accéder à la liberté, peuvent accéder à votre cabinet ? C’est-à-dire justifier et même légitimer de laisser hors de la chose publique ceux qui n’y sont pas déjà et leur dire que c’est là pour leur bien, qu’on s’occupe d’eux sans eux ? Qu’on observe et qu’on comprend leurs désirs sans qu’ils aient besoin de s’en soucier, libres qu’ils seraient de vaquer à leurs occupations quotidiennes ? La majorité qui se tait est-ce la majorité qui consent ? Heureuse qu’on la conduise selon ses appétits bien compris : verrouillant les portes quand elle a peur, l’amusant quand elle s’ennuie, la nourrissant quand elle a faim…
La politique est-elle donc cette « conduite du peuple », littéralement cette démagogie ?

Ne serait-ce pas au contraire de créer des possibles nouveaux et de faire fleurir la liberté en cultivant la puissance de tous, donc la démocratie ? Politique exigeante, qui implique une audace et une conviction véritables contre les aristocrates et les notables de tout genre, de la subversion de tous les mots d’ordre qu’ils manient avec tant de cynisme : la liberté politique n’est pas celle des capitaux, la sécurité n’est pas celle des bannissements, des murailles et des embastillements, l’égalité n’est pas le marché.

Allez ! Il faut choisir son camp et arrêter de faire croire que la liberté de licencier équivaut à la liberté de travailler, que la liberté de consommer équivaut à la liberté de se cultiver, que le stigmate équivaut à la culpabilité et que l’étrangeté justifie l’impuissance.

La politique en démocratie doit être – ne peut être – qu’espérance. C’est le trajet du même vers l’autre, l’ouverture permanente et confiante de la république à des singularités multiples. Sinon la démocratie pourrit dans l’impérialisme, la reproduction de la puissance des puissants et son double monstrueux, la revanche totalitaire des individus dépolitisés, atomisés, exsangues.

Quelle politique y a-t-il derrière l’abandon par votre parti des causes ouvrières ? Derrière l’abolition de l’égalité des temps de parole lors des élections présidentielles ? Derrière la proposition de la déchéance de nationalité ? Derrière le non-accueil des migrants ? Derrière l’accompagnement docile du creusement des inégalités ? Derrière le refus de seulement envisager de construire un avenir accueillant pour les plus jeunes qui devraient forcément se satisfaire d’un horizon terne et de rêves de confort ?

La dignité des petits fait le charisme de la démocratie. Cette dignité, la politique l’exalte en donnant une voix aux rêves. Mais elle la travestit quand elle s’en sert au lieu de se mettre à son service, quand elle justifie tous les cloisonnements, toutes les reproductions et tous les privilèges en son nom, quand on fait croire qu’il faut l’occulter pour progresser.

Je crois à la portée profondément politique de ces mots de l’évangile, selon lesquels chaque fois que l’on ne respecte pas la dignité des plus petits, c’est à la dignité du Seigneur que l’on porte atteinte :

« ’Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou en prison, sans venir t’assister ?’ (…) ’En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait’ ».

Alors, selon toi, Citoyen Hollande, qu’est-ce que la politique ?


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