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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Si vous n’aimez pas Pepsi, vous devez aimer Coca-Cola

mardi 2 mai 2017, par :

Comme me le disait, récemment, un collègue pasteur : « Cela dure trop (les élections). Vivement qu’elles finissent sinon bientôt nous n’aurons plus d’amis… »
En tout cas, on aura vu en ces temps d’élections, des « faiseurs d’opinion » insulter violemment des abstentionnistes pour leur choix de ne pas choisir, et ce au nom de la protection de la « démocratie »  ! Comme quoi Georges Orwell est toujours d’actualité…
Allant du cours de morale, insultes et même menaces, il est intéressant de voir combien, ceux qui envisagent de voter blanc ou de s’abstenir, sont confrontés à une tornade d’injonctions à faire barrage au FN. « Tu n’as qu’à voter tout de suite FN, ce sera plus simple ! » C’est clair et Streetpress c’est plu à en rapporter quelques cas comme celui de Camille, 21 ans et étudiante en Lettres, : « En ce moment, c’est les abstentionnistes contre le reste du monde. » « Je suis un peu tombée des nues quand j’ai commencé à parler d’abstention et de vote blanc. Les réactions ont été tellement vives ». Déçue des résultats, elle trouve les réflexions autour du vote blanc ou de l’abstention intéressantes et décide de les partager sur son Snapchat. Là, avalanche de messages incendiaires : « c’est Le Pen au second tour ! », « si le FN passe, tu t’en voudras toute ta vie », « t’iras expliquer aux gens pourquoi ils se font expulser comme des merdes »
Un ami qui tient un blog, particulièrement lu, tient à préciser : « Par conséquent, je ne vous dirai pas ce que je ferai le 7 mai… » Rajoutant : « Comme certains d’entre vous m’ont dit qu’ils avaient été obligés de mentir sur leur vote futur pour avoir la paix (sic.), je rappelle cette importante phrase de Roland Barthes : « Le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire. »

Toujours est-il, qu’en ces temps plus hystériques qu’historiques, ceux qui, et j’en suis et je l’ai dis, refusent de faire allégeance au jeune héros du camp du bien, n’ont pas bonne presse convenue. Le meilleur exemple est incontestablement Jean-Luc Mélenchon. Pour préserver la vitalité de son mouvement aux élections législatives il a refusé d’appeler à voter pour Macron. Alors que le clergé médiatique l’avait porté, au minimum faisable, au pinacle le voilà mis soudainement au ban des forbans… Nous avons aussi l’exemple de Pierre Emmanuel Barré de France Inter. Voilà un garçon qui éructait ordinairement… à faire rire de bon coeur (plutôt à gauche). Il a voulu parler du « ni-ni » cela ( l’imprimatur j’entends) lui a été refusé : « le texte faisant le jeu du Front National… ». C’est étonnant comment sur une radio tu peux appeler à l’assassinat d’un président américain démocratiquement élu (même s’il y a de bonnes et fortes raisons de le redouter), mais tu ne peux pas inviter démocratiquement au « ni-ni »
Dans ce contexte d’élections pleines de tensions on se plait à méditer ce que tous aurait fait et dit si l’histoire nous avait attribué d’un second tour Mélenchon vs Le Pen ou encore mieux Fillon vs Le Pen… La réponse je la connais puisque je l’avais posé : beaucoup aurait appelé, sans vergogne aucune, à appeler à…l’abstention !
Ce n’est pas drôle. Ceux qui distribuent bons points et excommunications symboliques, dans un souci premier de faire primer l’humain (ça c’est incontestable de leur part), s’exposent à être eux-mêmes les pourvoyeurs de ce qu’ils redoutent à juste titre. L’histoire est cruelle mais de toujours les moeurs policées finissent par devenir des moeurs policières…
Même si Torquemada affleure toujours sous le très fin vernis de tolérance, n’oublions jamais que ce n’est pas l’inquisition que la liberté d’expression (et le droit de vote en est un) doit susciter. La liberté d’expression doit susciter la conscience qu’il y a dans l’amer dénigrement des autres un dénigrement de soi qui mériterait plus d’attention de la part de chacun.
Toujours est-il que ce qui se passe a un arrière-goût de déjà-vu, qui rappelle l’hystérie des élections américaines du mois de novembre dernier.
Un pasteur (qui se définit chrétien anarchiste ) de la banlieue d’Atlanta a suscité de nombreuses réprobations, pour avoir dit : «  « Comment les inquiétudes au sujet d’un candidat signifient-elles automatiquement que mon choix se porte sur l’autre candidat ? Si vous n’aimez pas Pepsi, vous devez aimer Coca-Cola. Cette vision binaire de la politique trahit notre humanité et nous force dans des compromis continus - en votant pour le moins de deux maux (NdR, il parlait de Clinton vs Trump) ». 

(..) C’est vrai que nous sommes devenus assez bons pour tirer les corps de la rivière de l’exclusion, les sécher, les panser et les remettre en route. Nous répondons bien aux besoins de nos soeurs et frères sans-abri de North Atlanta… Mais nous n’osons pas aller en amont et voir qui ou quoi, en premier lieu, jette ces pauvres, ces exclus de l’existence dans la rivière. Nous ne le faisons pas parce que, malgré ces innombrables corps dans la rivière, nous croyons trop au système qui les lance. Nous avons intégré l’idée que le rêve américain est le même que celui du royaume de Dieu. De fait, nous avons échangé la plateforme politique audacieuse de Jésus…
(..) Nous, en tant que disciples de Jésus, sommes appelés à être des agents de grands changements. Nous ne trouverons pas Dieu dans une institution. Nous ne trouverons pas Dieu dans le nationalisme. Nous ne trouverons certainement pas Dieu dans les urnes. Dieu est dans la nature, attendant d’être rencontré chez les malades, les pauvres et les opprimés. Le même Dieu qui a appelé Moïse et les esclaves égyptiens dans le désert, le Dieu que Adam et Eve ont rencontré dans le jardin sauvage, et le Dieu qui a appelé Jésus dans le désert nous appelle aussi. Ces soeurs et frères malades, pauvres et opprimés seront encore blessés par les politiques de quiconque deviendra le prochain président. Au lieu de placer notre espoir dans un politicien, un parti politique ou une nation, il est peut-être grand temps que nous mettions notre allégeance dans le royaume de Dieu et que nous nous efforcions de le voir manifester dans notre monde. »

Certes c’est lyrique (en fait c’est très américain) mais il fallait le dire en octobre dernier dans l’Amérique du débat Clinton-Trump. Aujourd’hui, dans l’Amérique de Trump, Jarrod (c’est son prénom) fait ce qu’il se doit comme il se doit.
Dimanche prochain , que chacun vote comme il lui semble bon et respectons nous dans ce que nous avons à dire sinon nous ne nous respecterons plus dans ce que nous aurons à faire. Il n’y a ni bon ni mauvais usage de la liberté d’expression, il n’en existe qu’un usage insuffisant. « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, disait Voltaire, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement. » .

Et pour finir, comme c’est ce que je envie de vous dire, je ne résiste pas à citer Emmanuel Macron à Toulon : « Je vous ai compris, je vous aime ». J’espère que ce n’est pas un auteur réservé car visiblement on pourrait me dénier, voir m’interdire, de le citer… mais dans ce cas j’irai chercher la citation originale qui se trouve chez De Gaulle…

PS : Je filmerai mon vote avec mon smartphone, pour être sûr de ne subir, plus tard, aucune accusation de la police politique de la pensée.

Pasteur Jean-Paul Nuñez

  • #1 Le 3 mai 2017 à 10:48, par Daniel Alexandre

    65 % des soit disant insoumis ne voteront pas Macron. Si c était Melanchon qui était au second tour face à le pen Jean Paul se serait il fendu de ce pensum pour appeler au respect des neutres ? N aurait il pas utilisé d argument moralisateur et culpabilisant. Alons donc.


  • #2 Le 4 mai 2017 à 07:29, par Christophe Pella

    Merci aux Alexandre (père et fils) d’apporter une contradiction éclairée à ce texte mal pensé. Il y a une indécence comique à se réclamer de Georges Orwell et de l’antifascisme pour justifier de ne pas choisir entre le centre et l’extrême-droite ! Assimiler la pression sociale à l’encontre des ni-nistes à une forme d’oppression étatique, c’est montrer une totale perte de repère. Citer Orwell , c’est bien, lire Orwell, ce serait mieux.



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