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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Jeudi 21 avril 14h-17h Après-midi d’étude

Justice et conviction : aux prises avec le vivant

lundi 28 mars 2022, par :

Comment les convictions peuvent-elles se transformer quand elles se confrontent à la réalité – sociale, bioéthique, politique, écologique – si elles veulent rester fidèles à la justice ? Les conceptions de la vie bonne – entre fidélité au passé, défi du présent et interrogation sur l’avenir – s’actualisent-elles ou servent-elles seulement à habiller la soumission aux contraintes ? L’enjeu est que le prendre soin des autres – dans un sens élargi à l’ensemble des vivants – ne mette pas à mal un prendre soin de ses propres convictions qui est aussi un prendre soin de soi. Avec Anahita Grisoni, Mathieu Gervais et Stéphane Lavignotte. Organisé pat Stéphane Lavignotte et Marc Boss, professeur de philosophie et d’éthique.
A l’Institut protestant de théologie 83, boulevard Arago 75014 Paris M° Saint-Jacques ou Denferet-Rochereau

Anahita Grisoni : L’éthique comme moteur de l’action politique ? Le réformisme écologiste des naturopathes.
La notion d’éthique traverse l’action individuelle et la culture commune des praticiens et des clients de la naturopathie, thérapie non conventionnelle et non reconnue qui, en 2010, s’autodéfinissait comme "médecine du développement durable", héritière d’une conception élargie de l’écologie. Comprise comme un cadre esquissant les contours de la vie bonne, cette acception de l’éthique s’inscrit dans une religiosité hybride, puisant tant dans le registre de la mouvance New Age, dans le bouddhisme occidental que dans un christianisme non institutionnel. Méfiant des institutions, qu’elles soient politiques, administratives, sanitaires ou religieuses, les praticiens et les clients de la naturopathie donnent néanmoins un sens politique au mode de vie et aux activités professionnelles de soin qu’ils et elles développent dans la perspective de la santé naturelle. Ce cas de figure sera discuté à partir du cadre proposé par Max Weber dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, et donnera lieu à une réflexion sur les modalités de changement de la société telles qu’elles sont portées par les naturopathes.

Mathieu Gervais : Ethique, vie bonne et vie quotidienne
Il est d’usage de présenter les questions éthiques comme des questions exceptionnelles, importantes, qui se détachent du quotidien. Au contraire, je souhaite interroger l’éthique à partir de la quotidienneté. A partir du cas des agriculteurs-paysans et des éducateurs spécialisés, je me demande comment ces métiers qui s’inscrivent dans la répétition et la quotidienneté mais aussi le soin éclairent le rapport entre action, éthique et temporalité. Cela invite à réfléchir au quotidien comme l’espace temporel du soin et d’une définition commune de ce qu’est la « vie ». Est-ce que la quotidienneté renforce les convictions éthiques dans la finesse d’une interconnaissance de l’autre, humain et non humain, ou alors est-ce qu’elle relativise à n’en plus finir le sens que l’on peut donner à nos actions, diluées dans une répétition éternelle ? Quelle(s) communauté(s) éthique(s) sommes-nous susceptibles de constituer ou non dans l’épaisseur de nos décisions quotidiennes ?
Ces questions seront illustrées par une discussion entre une approche sociologique de l’éthique et des situations tirées des expériences professionnelles mentionnées.

Stéphane Lavignotte : André Dumas, les convictions à l’épreuve de la justice.
André Dumas, éthicien, professeur de la faculté de théologie protestante de Paris des années 1960 à 1980 forgea les positions du protestantisme français sur les questions de contraception, avortement et fin de vie. Inspiré par son travail, est-il possible de proposer une éthique de la réalité qui ne soit ni une éthique de principe qui maintient les convictions au risque de ne respecter ni la complexité du vivant, ni la justice concrète pour les personnes, ni une éthique de situation qui adapte en permanence les convictions aux variations historiques des réalités sociologiques ? Le courage moral – dans la suite du courage civique de Bonhoeffer – qu’il appelait de ses vœux s’appuyait sur une éthique imaginative, seul manière de ne pas se limiter à une sagesse pratique qui ne contente de choisir entre gris et gris : quelle usage aujourd’hui ?

Anahita Grisoni est sociologue et urbaniste, chercheure associée à l’ UMR5600 Environnement, Ville, Société Université de Lyon et collaboratrice politique à la mairie de Paris.

Mathieu Gervais est éducateur spécialisé et sociologue. Il accompagne des personnes en situation de handicaps psychiques. De plus, son activité d’enseignement et de recherche porte sur les rapports entre pratiques et imaginaires, sur l’articulation éthique et politique des engagements professionnels. 

Stéphane Lavignotte, éthicien, docteur en théologie de l’IPT, est pasteur de la Mission populaire évangélique, coordinateur de la Maison Ouverte (Montreuil 93) et chargé de mission national à l’animation spirituelle. Il est chercheur associé au Fonds Ricoeur et professeur invité à la Faculté de théologie protetstante de Bruxelles.

Inscriptions : stephane@lavignotte.org


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