Dorothée Thurneysen, fille d’un professeur de théologie, née à Leutwil (Argovie, Suisse) en 1917, s’était d’abord engagée dans les mouvements de jeunesse suisse, puis en France dans le mouvement « Jeunes Femmes ». En 1964, elle devint présidente des Unions chrétiennes de jeunes gens. Théologienne elle-même, elle avait épousé Georges Casalis en octobre 1940 à Bâle. Nous espérons pouvoir lui consacrer un hommage plus important prochainement.
Lors d’une émission du culte protestant du 18 juillet 2010 que nous avions consacré à la relance du Christianisme social dont elle fut une figure importante, nous avions lu ce texte qu’elle avait écrit dans un numéro du Christianisme social publié au lendemain de mai 68. Que ce soit notre premier hommage et notre signe d’amitié à toute sa famille et en particulier à Anne-Sophie Haeringer qui a relancé avec nous le Christianisme social.
- Les lances crachent les eaux
- Pour tuer les yeux inondés de larmes,
- Des yeux qui crient et dénoncent
- Ils voient loin, très loin,
- Pleins de regard, d’égard,
- De lumière pour les frères de la nuit ;
- Le soleil de minuit se lève,
- Le vin rouge de sang
- Ravive les cendres amassées dans ma rue,
- Elles volent, elles dansent,
- Le ballet reprend sur la pointe des pieds
- Et se mue en tourbillon
- Jusqu’aux portes des usines
- Les sirènes répondent, grandes orgues de la rue.
- Sentinelle, qu’entends-u ?
- Le matin vient,
- Les squelettes se dressent et vont attaquer
- Les cons-sommés
- De se défaire de tout avoir.
- C’est l’instant d’être,
- De naître, de connaître,
- La minute de vérité a déjà commencé,
- Si vous l’aimez,
- Elle vous fera être.
- Être.
- Être dans la rue.
- Elle ne résonne plus de pas.
- Ni de talons
- De rires, ni de bruits confus
- Ses façades reculent.
- Il y a place, table rase
- Espace pour les grappes
- De cette vigne
- Dont le vin nouveau éclate
- Gicle, inonde,
- On y baigne,
- Les choeurs parlés se mettent
- En marche,
- Les voix s’élancent,
- Se rencontrent pour la Cantate
- De la rue
- C’est elle notre foyer,
- Nos racines
- Plongent
- Dans l’asphalte meurtri,
- Les pavés volent en pyramide,
- Conversions et perspectives
- Des nouvelles géométries à jamais prospectives
- Structurent, obturent, récurent,
- Déconstruisent les coeurs pour que rie
- L’enfant de demain
- D’un rire de premier matin de création…
- Le brasier flambe,
- Rouge,
- Vers la lune de mai,
- La pyramide est flamme,
- La pierre de feu lâche-t-elle ses étincelles millénaires ?
- Creuset d’une humanité libre ?