C’est bien une vision d’apocalypse que propose l’animateur du spectacle. Nous avons atteint le pic pétrolier mondial, le sommet de la courbe de production, en 2011. Peut être 2012. En tout cas, nous avons dans cette première décennie 2000 consommé la moitié des réserves de pétrole et nous entamons la seconde moitié… Un mouvement inexorable de baisse des productions mondiales de pétrole commence et dans le même temps, les consommations ne cessent d’augmenter. Les courbes se croisent et suivent des directions contraires. Comment continuer à croitre alors, quand on sait que la courbe de croissance mondiale et quasiment liée à la perfection avec celle de la production mondiale de pétrole ? Il semblerait que nous soyons condamné à la stagnation pendant quelque temps, et à entendre les journalistes nous parler de la crise.
Il n’est pas difficile d’en voir l’effet à la pompe, et pas difficile d’établir des pronostics à long terme. Que les réserves s’épuisent dans 30, 40 ou 50 ans ne change rien. Sauf pour les adeptes de l’idéologie du progrès et de la science. D’autres énergies ? Des machines plus performantes et économiques ? Toutes les autres sources sont épuisables également à des horizons tout aussi courts : 80 pour le charbon, 100 pour l’uranium… Il faudrait une planète entière de plantation de Colza pour continuer à rouler sur la base de notre consommation actuelle.
Il faut être claire : l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables sont une solution dans un monde ou les échanges seraient redevenus locaux, dans le monde de l’après pétrole.
Donc en bref, notre système actuel, basé presque exclusivement sur une énergie bon marché qui nous permet d’avoir en équivalent humain 120 esclaves chacun ne va pas durer. C’est une question d’année. La plupart d’entre nous en verrons la fin et déjà nous en voyons les effets : à commencer par l’augmentation des prix à la pompe, les prix des marchandises en général, un chômage de masse (moins d’activités touristiques, moins de transport etc..) des tensions grandissantes dans les pays producteurs, des guerres déjà…
A dire vrai, quand on voit à quel point le pétrole a modifié nos vies, remplacé totalement nos forces vives, humaines, on a tendance à se dire : enfin ! Enfin on va pouvoir vivre autrement, retrouver des activités manuelles, mutualiser des moyens de se déplacer. L’énergie bon marché ne nous a pas aidés à utiliser nos cerveaux et nos mains, peut être que le retour à une énergie chère entrainera un changement positif et une redécouverte de nous même.
Comment allons nous agir collectivement pour préparer ce monde de l’après pétrole ? Beaucoup d’initiatives voit le jour déjà, depuis les années 60 une alternative est déjà née, elle est très active dans les campagnes désertée par l’exode rural : Larzac, plateau de Millevaches, Cévennes… Ces lieux reculés se peuplent d’irréductibles gaulois qui réapprennent à vivre à la campagne avec un formidable avantage par rapport à hier, les machines permettent d’aller vite. De structurer l’espace, de l’habiter.
Le risque des « alternatifs » serait de refuser en bloc tous les progrès que nous a apportés la technique, de vouloir trop vite refuser la puissance de la machine car elle serait responsable des dégâts actuels. D’aller vers les alternatives animales d’hier sans en maitriser totalement les techniques et donc de se décourager. La voie du milieu s’impose toujours et c’est au présent de faire évoluer chaque jour la réflexion. Où mettons nous des limites à l’utilisation du pétrole dans notre monde actuellement ? Il n’y a que des questions, aucune réponse définitive.
Les chrétiens pensent aussi cette alternative. Jacques Ellul l’a abordé dans tous ses livres. Ils peuvent apporter un sens nouveau au défi qui nous attendent et un espoir. Car il va falloir sans cesse dans l’assemblée de citoyens à venir redéfinir les enjeux et proposer des voies de réconciliation. Réconcilier les forces humaines et animales avec les forces des machines. Réconcilier l’homme avec son outil et l’outil avec l’homme pour qu’il reste le maître et n’en fasse pas une idole.
Réconcilier l’homme et l’argent, pour ne pas nier l’avantage qu’il nous procure pour les échanges. Ne pas refuser les sciences mais les réconcilier à nos besoins réels, à nos limites.
L’espérance doit habiter les alternatifs, elle doit dicter leur pas. L’espérance chrétienne, celle qui nous dit que nous sommes déjà sauvés doit se diffuser pour donner de la paix et une force nouvelle à toutes les initiatives du monde demain…
Nahoum CHAMPROY