La dernière rencontre de la Mirly fut l’occasion de s’interroger sur les liens entre croissance et emploi. La recherche actuelle d’une hypothétique reprise de la croissance économique permettrait-elle de créer des emplois pour tous ? Une croissance infinie dans un monde fini est-elle possible ? Faut-il partager plus encore le temps de travail en envisager les 32 heures, voire moins ? Ou faut-il carrément abolir la valeur travail, comme nous y invitent les objecteurs de croissance – ou décroissants – pour ne produire que ce qui est nécessaire ?
Si le travail peut être source d’épanouissement, il est aussi le lieu de bien des aliénations. Alors entre « travailler plus pour travailler tous », « travailler moins pour travailler tous », « travailler moins pour travailler moins », quel modèle choisir ?
Depuis la Genèse, l’homme a reçu pour vocation de parachever la création par sa croissance et sa maîtrise du monde (cf. Gn. 1,28). Mais on peut se poser la question sur la nature de cette croissance : est-elle démographique, économique, humaine, voire spirituelle ? Très tôt déjà, pharaon avait pris ombrage de cette croissance (cf. Ex. 1,8-14) qui portait en elle une remise en question inadmissible de son propre pouvoir ; par la servitude du travail forcé, il comptait bien inutilement l’écraser.
Sans faire d’un quelconque modèle le lieu de notre salut, serons-nous capable aujourd’hui d’envisager d’autres modèles de croissance que le tout économique ? À quand la mesure du « Bonheur National Brut » ?
Pierre-Olivier Dolino, Pascale Renaud-Grosbras et Antoine Rolland.