La France s’apprête à vivre de nouvelles échéances électorales.
Elle connaît déjà les soubresauts annonciateurs de tensions qui ne demandent qu’à s’exacerber. Un trop grand nombre, parmi nous, est déjà tenté par la violence des propos extrêmes que nos lois condamnent. Certains même passent à l’acte et mettent à profit ce temps pour satisfaire une volonté néfaste et dangereuse de nuire. Quels que soient les ressorts de ces comportements, il appartient à tous, titulaires de mandats politiques, d’une responsabilité sociales ou économique, citoyens soucieux du bien public, de veiller à un toujours plus juste fonctionnement de nos institutions et de résister à toutes les paroles et les actes qui minent en profondeur notre société. Cela concerne aussi bien les pratiques d’une économie dominée par les intérêts privés, que l’électoralisme dénué de sens et que surtout le montée décomplexée du racisme, de l’antisémitisme, du rejet de l’étranger, comme de tout être vulnérable ou différent.
Pourtant dans un monde menacé par des fléaux écologiques, économiques et sociaux et des tentations belliqueuses, il importe, sans que personne ne soit légitime pour s’installer dans une position de donneur de leçons, d’en appeler à un sursaut vital contre ces forces mortifères.
Ce sursaut passe par la mise en œuvre loin des idéologies ou des promesses mensongères, d’une LUCIDITE exigeante, d’un devoir de vérité qui permettent l’instauration de débats véridiques qui sous peine d’être victimes de la dérision, doivent abandonner le terrain du dérisoire. C’est donc, entre autres, un effort à demander aux médias qui, parfois, pour optimiser une audience rémunératrice, théâtralisent des clivages plus qu’ils ne poussent à chercher des convergences Leur rôle est de première importance dans les temps qui viennent, pour que des dialogues affranchis de tout ce qui peut nuire à la liberté, dans un souci véritable d’information et de pédagogie, donne leur place à la diversité des opinions argumentées et constructives, accueillies dans la confiance. En évitant toute manipulation des esprits, et en écartant les expressions sommaires ou haineuses, il s’agit de restaurer le désir de construire un avenir commun ; c’est à ce prix qu’une citoyenneté réactivée manifestera un intérêt nouveau pour un système de représentation, alimenté par un regain de confiance dans les dispositifs électoraux.
Mais c’est aussi à un sursaut d’EXEMPLARITÉ que nous devons nous attacher : une exemplarité qui, si elle est un horizon que tout le corps social doit prendre en compte, est attendue de la part de tous ceux qui occupent une responsabilité politique, économique ou sociale ; une exemplarité qui touche aussi bien les rapports entretenus avec l’exercice du pouvoir, qu’avec la possession et l’usage des biens matériels. L’autorité n’a de sens que déterminée par le désir de servir ; c’est donc à une toujours plus grande démocratisation et déprofessionnalisation des mandats électifs qu’il faut veiller, en prolongeant les efforts sur la limitation de la durée des mandats et de leurs cumuls. Si cela concerne aussi le train de vie des responsables politiques, il est indispensable par -dessus tout que les responsables économiques acceptent une réduction profonde de leur rémunération et revenus, dont l’accroissement indécent obère toute perspective d’une dynamique féconde des rapports sociaux. Dans un monde qui voit ses perspectives de croissance battues en brèche de manière durable, il importe, pour qu’une communauté citoyenne et solidaire se rassemble et se remette en marche, que soit mis fin aux distorsions graves des niveaux de vie de ses membres, comme à l’accaparement du pouvoir par des élites trop préoccupées de leurs propres pérennités.
Par ailleurs à un moment où le virtuel menace la relation véritable entre les personnes, c’est à un effort de PROXIMITE que l’on doit veiller ; c’est pourquoi, alors que de grandes organisations internationales montrent leur incapacité à prendre en compte les dangers qui nous menacent, et que l’individualisme se propage et reconstruit des liens factices, identitaires, communautaristes, nationalistes, nuisibles, les institutions communales et européennes peuvent être les espaces propices à concilier une appartenance territoriale de proximité démocratique, solidaire, pluraliste, où l’étranger doit pouvoir manifester sa citoyenneté, et la nécessaire mise en réseau de ces territoires. Ces espaces doivent faire l’objet de toute notre attention. Les communes et les institutions qui les fédèrent, dont les compétences devraient s’élargir par une décentralisation renforcée, peuvent être le lieu d’une redynamisation d’activités à taille humaine, de production, de commerce, d’éducation, d’habitat et de loisirs. L’Europe faite de peuples dont les histoires se sont croisées, doit devenir un espace non normatif, où, à travers le partage de traditions, de cultures, de convictions laïques ou croyantes, se confortent la réconciliation, la paix, l’ouverture et l’accueil aux différences.
C’est ainsi que l’ESPERANCE d’une vie quotidienne apaisée, la CONFIANCE dans un avenir commun toujours en construction, disposeront d’ancrages forts pour accompagner la mutation inédite que nous devons assumer et redonner le goût d’une vie commune plus harmonieuse, accueillante et plurielle.
Jean-Pierre Rive