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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

La retraite : une antichambre au royaume de Dieu.

mardi 26 octobre 2010, par :

Proposition évangélique pour sauver les retraites. Par
Alain Houziaux.

Comme Martin Luther King, j’ai fait un rêve. J’ai rêvé que le montant des
retraites était calculé la logique de l’Evangile et du Royaume de Dieu : 
« Les premiers seront les derniers et les derniers seront les
premiers » (Mat. 19,30 etc). Ceux qui avaient eu de faibles salaires
pendant leur vie professionnelle (les « derniers ») recevaient une
retraite élevée et ceux qui avaient eu des salaires élevés (les
« premiers ») recevaient une retraite faible. Ainsi, c’étaient les OS
qui avaient les meilleures retraites ! Et ils sabraient, eux aussi, le
champagne au Fouquet’s et pouvaient aussi faire des donations à leurs
petits-enfants

De fait, Jésus-Christ, tout comme les juifs de son époque, voyait le Royaume de Dieu comme une réparation des injustices de ce monde (cf. la parabole du riche et du pauvre Lazare, Luc 16, 19-31). Ceux qui avaient été pauvres et malchanceux au cours de cette vie-ci devaient, par une forme de compensation, être favorisés dans le Royaume. Et inversement, les riches et les puissants devaient, par un juste retour des choses, être défavorisés dans le Royaume. C’est exactement ce que dit le Magnificat de la Vierge Marie (Luc 2, 52-53).

Ainsi, selon la logique du Royaume, ceux qui ont eu la chance de pouvoir faire de longues études, puis un travail intéressant et bien payé devraient recevoir une retraite modeste. Et inversement ceux qui ont travaillé à la chaîne dès 18 ans en étant rémunérés au SMIC devraient recevoir une retraite élevée dès 55 ans. Et ce serait d’autant plus légitime qu’ils meurent en général 15 ans avant les cadres supérieurs et qu’ils ont un compte en banque moins bien garni.

Financer les retraites par les impôts et la CSG 

Aujourd’hui, en France, en contradiction flagrante avec la logique du Royaume, plus on a gagné pendant sa vie professionnelle, plus on a une retraite élevée. Et ce pour une raison très simple : les retraites sont proportionnelles aux salaires reçus parce qu’elles sont alimentées par des cotisations (payées par les salariés et les entreprises qui les emploient) proportionnelles aux salaires versés. Autrement dit, les caisses de retraite sont alimentées par une taxe sur le travail. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas une manière d’encourager l’emploi.

Si l’on voulait appliquer la logique du Royaume, il faudrait donc trouver un autre mode de financement des retraites. Pourquoi la retraite ne pourrait-elle pas, comme les Allocations Familiales et autres prestations sociales, être financée par la CSG et par les impôts ? Elle deviendrait ainsi une prestation sociale comme les autres. Elle pourrait être égale pour tous ou, mieux encore, modulée en fonction des revenus et de la richesse de chacun (comme c’est le cas pour certaines prestations sociales). Elle serait faible pour les riches et élevée pour les pauvres.

Il est certes normal de rémunérer un travail en fonction de ses caractéristiques, mais il n’y a aucune raison de rémunérer les retraités en fonction de leurs rémunérations professionnelles antérieures. Un polytechnicien retraité n’est pas plus productif qu’un ouvrier retraité. Il n’y a aucune raison pour qu’il ait une retraite beaucoup plus élevée et ce d’autant plus qu’il peut profiter des économies qu’il a pu réaliser grâce à son salaire élevé. De même, il est tout à fait injuste que, grâce aux pensions de réversion, la veuve d’un cadre supérieur touche (même si elle n’a jamais travaillé) davantage qu’une femme célibataire qui a travaillé toute sa vie comme ouvrière. Il serait normal que les pensions de réversion versées aux veufs et aux veuves soient remplacées par une allocation égalitaire financée par l’impôt et la CSG.

Il faut donc changer le mode de financement des retraites. Il faudrait qu’elles soient financées par le budget social, et donc par les impôts et la CSG. D’ailleurs, même Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avaient fait des propositions dans ce sens. L’Irlande, la Nouvelle Zélande, le Danemark, les Pays-Bas ont adopté ce système. Et notons-le, financer les caisses de retraite par la CSG et les impôts (plutôt que par des cotisations sur le travail et les salaires) serait avantageux en particulier pour les entreprises et leurs actionnaires ! En effet l’assiette de la CSG et des impôts est beaucoup plus large que celle des cotisations sur les salaires actuellement en vigueur. Ainsi, puisqu’elles ne seront plus les seules à être imposées, les entreprises seront globalement moins taxées.

Les pensions versées aux personnes âgées, tout comme l’instruction des jeunes, le soutien aux familles nombreuses, les secours assurés par les pompiers et le Samu etc… relèvent d’un devoir de solidarité qui ; par le biais des impôts et de la CSG, doit être supporté par l’ensemble du pays. Le fait de devenir vieux et d’avoir droit de ce fait à une pension ne concerne pas seulement ceux qui ont travaillé. Ce n’est pas un risque professionnel, comme le chômage et les accidents du travail. Il n’y a donc aucune raison pour qu’ils soient couverts par des cotisations versées seulement par les salariés et leurs employeurs. Puisque les pensions de retraite sont dues à tous (même si on les module selon la logique du Royaume), elles doivent être financées par un impôt sur tous les revenus. Et ce qu’il faut taxer en priorité, ce n’est bien sûr pas le travail, mais bien plutôt la fructification rapide des patrimoines financiers, entre autre par la spéculation, et les bénéfices des entreprises lorsqu’ils sont élevés.

Et j’ajoute que si l’on calculait le montant des retraites selon la justice et l’Evangile du Royaume, le montant global des retraites versées serait bien moindre, les caisses de retraite seraient renflouées et on pourrait prendre sa retraite à 60 ans. Ainsi, dès 60 ans, on vivrait dans l’antichambre du Royaume de Dieu !

Alain Houziaux, pasteur de l’Eglise Réformée de France, auteur de Christianisme et conviction politique, trente questions impertinentes, DDB 2008.

  • #1 Le 14 juin 2010 à 11:52

    Globalement d’accord, si on était dans un monde idéal d’humain non
    égoïste.

    Par contre cette phrase "Ainsi, selon la logique du Royaume, ceux qui ont eu
    la chance de pouvoir faire de longues études, puis un travail intéressant et
    bien payé devraient recevoir une retraite modeste" est problèmatique : on sait
    qu’aujourd’hui faire des longues études n’est pas synonyme nécéssairement de
    salaire élevée à la sortie... (voir le nombre de doctorant avec un salaire
    modeste par rapport à certain trader à bac +5).


  • #2 Le 25 juin 2010 à 18:06

    Attention, les retraites ne sont pas une obole donnée. Ce n’est pas comme
    une quête ou un tronc qu’on distribuerait aux uns ou aux autres !
    Lorsqu’un retraité est payé, c’est un salaire qu’il reçoit !! On appelle ça un
    salaire socialisé ou salaire différé.
    Financer les retraites par l’impôt c’est remettre totalement en cause le
    système par répartition qui est le plus juste.
    Le système des retraites actuel peut et doit être autonome ! Pour être plus
    juste on peut plutôt imaginer d’augmenter la part patronale, par exemple (pas
    augmentée depuis 30 ans).
    Ce n’est pas au Royaume ou dans son antichambre que les travailleurs doivent
    être mieux payés, c’est lorsqu’ils sont jeunes, qu’ils élèvent des enfants,
    qu’ils ont l’âge de faire des voyages... Il faut donc augmenter les salaires
    des actifs !
    Tiens, si la cotisation patronale est plus importante et que les salaires sont
    plus élevés... n’a-t-on pas réglé le problème des retraites ?
    J’ajoute qu’une cotisation n’est pas une taxe sur le travail ! chaque mois, en
    payant ma cotisation retraite, j’entretiens la solidarité intergénérationnelle
    dont je profiterai (si le régime est sauvé) quand je serai moi aussi dans
    l’antichambre. C’est très diffférend !


  • #3 Le 20 octobre 2010 à 15:11

    Très bonne idée.
    Il y a de la marge pour réduire les inégalités entre retraités.
    Par exemple tous les avantages familiaux devraient correspondre à une somme
    fixe pour tous et par enfant.


  • #4 Le 21 octobre 2010 à 09:44

    Bonjour,
    Si un homme gagne un certain salaire, il vit en conséquence. Il a des crédits
    en conséquence, des frais difficiles à réduire. Il y a donc une logique qu’il
    ait une retraite lui permettant de ne pas tout perdre et de le mettre dans
    l’embarras. Il serait difficile de le faire vivre comme étant au smic d’un
    coup. Ou alors, il faudrait plutôt réviser les salaires en tant qu’actif, pour
    qu’il y ait moins d"inégalités.
    Cordialement,


  • #5 Le 21 octobre 2010 à 23:51

    A propos des retraites :

    Il me semblait qu’Houziaux avait envisagé une même retraite pour tous ? Ce
    à
    quoi je souscrirais du le simple fait qu’être en "retrait" d’un travail
    salarié ou autre, de l’OS au super cadre, positionne chacun dans un même
    statut vis à vis de la société,
    même si évoquer "les retraités" ne veut rien dire tellement les
    disparités
    de revenus sont énormes (surtout si on y met un "e" !)

    Bien sûr que celui qui a épargné aura un autre niveau de revenu. Il y
    a
    d’ailleurs des ouvriers actionnaires qui en bénéficient (un piège à con,
    plutôt que d’augmenter les salaires !)

    Cela rejoint la question du fameux "revenu universel d’exitence" ou de
    dignité.

    Robert Olivier


  • #6 Le 22 octobre 2010 à 22:38

    http://www.reforme.net/dossiers.php...

    Absence de pédagogie par Jean-Luc Mouton qui nous sert la soupe ...
    heureusement que j’ai bazardé mon abonnement !


  • #7 Le 23 octobre 2010 à 11:00

    C’est l’ensemble du programme du CNR, repris par le préambule de la
    Constitution de 1946 qui répond à la "logique du royaume".
    S’il y a inversion de tendance, celle-ci est beaucoup plus radicale que ne
    tentent de le traduire les paraboles "Robin des Bois" (Les riches deviennent
    pauvres et réciproquement).
    La logique du royaume, c’est l’intrusion d’une logique néguentropique dans un
    univers soumis à la seule entropie.


  • #8 Le 23 octobre 2010 à 13:04

    rectifié l’adresse de La Bête à Bon Dieu



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