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Appel pour une relance du christianisme social, pour des communes théologiques

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Article publié

Et le Seigneur voit

vendredi 31 décembre 2010, par :

Qui possède l’arc en ciel ? A la mi décembre, aux Etats-Unis, des fondamentalistes décident que l’arc en ciel est un signe juif et chrétien, qui leur appartient, et que l’usage du drapeau arc en ciel devrait donc légalement être interdit au grand méchant "lobby homosexuel" ! Ce ci m’a inspiré le texte que voici, médiation d’appel à la tolérance et à l’unité des chrétiens, qui va sans doute bien au-delà de la thématique de l’orientation sexuelle. Un texte poético-prophétique que j’ai déjà publié par ailleurs, mais que j’aime bien, donc j’essaye de le diffuser le plus largement possible...

Et le Seigneur voit

Et le Seigneur voit

les églises nombreuses

temples austères et dépouillés, les collégiales, les oratoires,

cathédrales haut perchées surplombant les villes de leurs ors et de leurs encens

églises géantes d’Iowa et les prieurés blottis au creux des villages brabançons

la terre battue des chapelles de brousse et le marbre des basiliques

Le Seigneur voit, et ne dit jamais qu’il préfère les sanctuaires de la mer

où des vierges songeuses tendent les bras aux marins.

Et le Seigneur voit

les liturgies nues ou grandioses

les costumes noirs et les soies bariolées

les pasteurs, les prédicateurs, les prêtres, les prophètes, les métropolites

et les femmes qui posent des gestes eucharistiques.

Et le Seigneur voit les évêques, les diacres et les bedeaux,

et tout le peuple qui dresse les tables de l’accueil et fleurit les autels

Le Seigneur voit, et ne dit jamais qu’il préfère dans le petit matin glacé

le sacristain un peu simple qui souffle sur ses doigts avant de sonner les cloches de la première messe

Et le Seigneur voit

les puissants qui ne partagent pas

les théologiens qui dissertent

les tours d’ivoire et de grimoires.

Et le Seigneur voit

les vallées piémontaises

où les vaudois s’assemblent pour lire Jérémie à flanc de montagne

ensemble

Et le Seigneur voit

les hautes terres et plaines du Chiapas

où les indiennes s’assemblent pour réinventer l’Evangile de la Pachamama

ensemble

Et le Seigneur voit

la salle du temple populaire

où des étudiants sourds s’assemblent pour signer le Notre Père

ensemble

Et le Seigneur voit

deux ou trois en son nom, réunis,

ensemble.

Et le Seigneur dit

Je suis le Dieu unique, mais vous, mon peuple, êtes multiples comme les étoiles du ciel,

Et chacun a son nom, sa couleur et son chant

Et moi je suis présent quand vous êtes

ensemble.

Je suis le Dieu unique,

assoiffé de vous-autres, mon peuple, mon étonnant peuple, mon bien aimé étonnant peuple.

Et je vous vois vous battre pour chacun des signes que j’ai offert à vos pères,

et je vous vois hurler avec arrogance que vous tenez la Vérité enclose dans une bouchée de pain,

et je vous vois gonfler d’orgueil comme si vous pouviez juger votre frère que j’aime,

comme si vous aviez autorité sur les brins de ciel pur que j’ai tressés entre mon peuple et moi,

comme si vous pouviez posséder l’arc en ciel,

comme si l’amour était un péché.

Le Seigneur voit, et ne dit jamais qu’il préfère le dimanche à l’heure des vêpres ces deux femmes d’âge mûr qui le prient en secret dans la chambre avant de faire l’amour tout doucement.

Le Seigneur voit chacune des luttes de ses enfants opprimés.

Et le Seigneur dit :

Pourquoi n’écoutez-vous pas, ô mon peuple,

Ce que je dis, encore et encore, dans une compassion obstinée,

combien mes mains sont vides quand l’un de vous opprime l’autre,

quand il l’écarte de la table où je me suis donné.

Et le Seigneur dit :

Il n’y a pas assez de mots de tendresse pour dire combien mon cœur se serre chaque fois qu’on porte en terre un de mes enfants,

et vous, peuple stupide, vous, je vous vois prêts à tuer pour votre religion.

Et le Seigneur dit :

Pourquoi n’écoutez-vous pas, ô vous mon peuple bariolé,

votre fraternité que j’ai partagée à l’ombre des oliviers

avant de l’écrire en lettres de sang sur l’écorce noueuse d’une croix

au mitan des terres d’Orient ?

Moi, votre Dieu unique et torturé, je vous aime chacune et chacun d’un amour immense.

Mais nous n’écoutons pas assez.

Et le Seigneur est, le Seigneur demeure, là où nous ne l’entendons pas et ne dit jamais qu’il préfère ceux qui se tiennent en pauvreté pour tenter d’écouter sa voix.

  • #1 Le 4 janvier 2011 à 13:29

    Bravo pour ce poème très humaniste.


  • #2 Le 4 janvier 2011 à 22:27, par Diakoneo

    Amos 5, 21-24

    « Je déteste vos pèlerinages, je ne veux plus les voir, dit le Seigneur. Je ne peux plus sentir vos cérémonies religieuses, ni les sacrifices complets que vous venez me présenter. Je n’éprouve aucun plaisir à vos offrandes de grains. Je ne regarde même pas les veaux gras que vous m’offrez en sacrifice de communion. Cessez de brailler vos cantiques à mes oreilles ; je ne veux plus entendre le son de vos harpes. Laissez plutôt libre cours au droit. Que la justice puisse couler comme un torrent intarissable ! "



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