Bonjour,
J’ai appris récemment que le diocèse de Versailles et le Secours Catholique soutenaient et étaient partenaires du « Padre Cup » : une course de Kart où les chauffeurs sont des … prêtres.
Je vous écris pour vous faire part de mon mélange du perplexité et d’indignation face à cette opération.
Dois-je rappeler que le kart est un « sport » qui consiste à tourner en rond avec une voiture, qui brûlent de l’essence et usent ainsi de l’énergie. Dois-je rappeler qu’aujourd’hui de nombreuses familles ont du mal à payer les frais d’essences nécessaires à la poursuite de leur vie professionnelle et que c’est autant d’argent qui échappe à leur vie familiale ? N’y a-t-il pas quelque chose d’indécent à ce que du pétrole soit ainsi gâché pour satisfaire une besoin de communication d’une institution – l’Église catholique – qui ne sait plus que faire pour faire oublier ses travers et ses pêchés [1] ?
N’est-ce pas en contradiction avec le message de simplicité du Christ ? Celui ci a dit « heureux les pauvres », et non pas « heureux ceux qui peuvent gaspiller un bien rare et indispensable à d’autre ».
N’est ce pas en contradiction avec les discours du Pape, qui déclare « Les sociétés technologiquement avancées peuvent et doivent diminuer leur propre consommation énergétique » (Caritas in Veritate, 49) ?
N’est ce pas en contradiction avec de nombreux actes des Églises qui essaient de réfléchir à une action responsable de l’homme sur la nature ? Je pense par exemple le colloque de 2009 de l’Institut Supérieur d’Études Œcuméniques : l’Avenir de la Terre, un défi pour les Églises. Le diocèse de Versailles a choisi : l’avenir de la Terre ne semble pas être sa préoccupation dans cette affaire.
Pour cautionner ce gaspillage, le site de présentation [2] déclare : « Pour chaque tour parcouru un euro sera reversé à une association humanitaire ». Oubliez vous que chaque tour émet x grammes de CO2. Qu’à terme ces x grammes CO2 vont provoquer une augmentation de la température de x degrés qui aura des conséquent sur les organisation les plus défavorisés ? [3]
On arrive ici au contraire de la justice : les « riches » responsables, par leurs émissions éhontés de CO2 de catastrophes pour les « pauvres » se donnent une bonne conscience en disant que ces émissions soutiennent indirectement les « pauvres ». En quelque sorte, le retour des indulgences … dois-je rappeler que ces pratiques sont à l’origine de schismes au XVIème siècle ?
Plus profondément, cette opération de communication pose un problème sur la figure du prêtre qu’elle véhicule.
On se donne l’illusion d’avoir des prêtres « modernes » [4] parce qu’il font du kart, tout en revenant, comme l’a montré les manifestations de l’année sacerdotale, à une conception hiérarchique et sacrale du prêtre.
On se donne une forme « moderne » pour masquer un retour à une vision « ancienne » du prêtre, médiateur du sacré et seul à même d’exercer l’autorité dans la paroisse. Certes il s’agit là, hélas, d’un modèle classique dans le catholicisme romain (quoique datant, grosso modo, du Concile de Trente). Mais quitte à avoir une vision conservatrice – car il n’y a pas d’autre mots, du ministère presbytérale, autant l’assumer jusqu’au bout.
Cette opération de communication nous en dit long sur l’aporie à laquelle une crispation identitaire de l’Église catholique mène … mais ce n’est pas en mettant de vieux vin dans des outres neuves qu’on le change en nouveau vin.
Veuillez agréer l’expression des mes sentiments respectueux.
Ps : copie à Nous Sommes Aussi L’Église, Témoignage Chrétien, La Vie, Conférence Catholique des Baptisés de France, Groupes Jonas, Groupe « Chrétien et pic de pétrole ». Et sur mon blog : http://blog.maieul.net/Padre-Cup
[2] Vers lequel je ne pointe pas pour ne pas faire de publicité.
[3] Je n’ai pas ici le temps, et ce n’est pas le lieu, de dresser la liste des conséquences des émissions anthropiques des gaz à effet de serre. D’autres sont plus compétents que moi.
[4] Alors que la modernité serait de changer de modèle économique, et non de perpétuer celui de l’énergie bon marché.