Les entrepreneurs et les banquiers invoquent souvent la parabole des talents (Mat. 25) pour justifier la libre entreprise, la légitimité de l’enrichissement, le devoir de faire prospérer les deniers et les entreprises que l’on possède, éventuellement par héritage. Cette parabole justifierait aussi, semble t-il, le capitalisme, le libéralisme, l’économie de marché, et même le prêt à intérêts (cf. le jugement du patron sur le troisième serviteur). La parabole est également invoquée pour montrer que la fortune et la croissance sourient à ceux qui ont confiance et font confiance (à Dieu, à l’avenir, aux autres). « N’ayez pas peur » (cf.Jean-Paul II) serait donc un mot d’ordre non seulement pour les croyants mais aussi pour les entrepreneurs. On utilise aussi l’ambigüité (en français mais non en grec) du mot « talent » pour faire croire qu’il faut mettre en oeuvre les talents (c’est-à-dire les dons, les qualités psychologiques et les charismes) que l’on possède.